mardi 28 décembre 2010

Redistrbution de productivité

Pour continuer dans le sens du précédent post, la redistribution est un facteur beaucoup plus puissant que le simple soutien keynésien à la demande. La redistribution est un facteur de productivité. En séparant la consommation du simple facteur travail, elle permet des gains de productivité que le lien direct travail-consommation ne permettrait pas.

Considérons un instant une économie sans redistribution : le seul soutien à la consommation provient du travail. Quand les gains de productivité se définissent par une diminution du travail, comme cela est souvent le cas dans une économie capitaliste, alors surgit un véritable cercle vicieux : les gains de productivité engendrent une diminution du travail, qui entraîne par là une baisse de la consommation et des craintes favorisant l'épargne de précaution de la part des ménages. Les gains de productivité favorisent donc une récession larvée, compensée seulement par un endettement élevé, insoutenable à terme. Dans une économie sans redistribution, les gains de productivité finissent donc par une diminution de la consommation.

Considérons maintenant l'excès inverse : une économie où la redistribution fournit la totalité de la consommation. Même si des problèmes majeurs de motivation du travail apparaissent dans ce système, les gains de productivité deviennent beaucoup moins problématiques, puisqu'ils ne viennent pas amputer la consommation de façon importante. Ainsi une redistribution élevée permet à l'économie d'engendrer des gains de productivité sans déprimer la croissance trop fortement. Bien sûr, cette redistribution est basée sur la valeur ajoutée bien plus que sur une taxation des salaires.

Entre ces deux extrêmes, une solution plus médiane existe, où le travail est un fournisseur de revenus supplémentaires, mais où la redistribution encourage les gains de productivité en ne diminuant pas la consommation pour autant. En examinant les évolutions du nombre de travailleurs dans la population totale, le schéma apparaît clairement dans les pays développés : de plus en plus de production avec de moins en moins de travailleurs par rapport à la population totale (retraités, chômeurs, étudiants sont de plus en plus nombreux). Ainsi, il serait temps de reconsidérer la redistribution, en la considérant comme un facteur nécessaire pour les gains de productivité, plutôt que comme une charge empêchant les ajustements économiques violents exigés par les capitalistes les plus extrêmes. Même si le marché parfait permet en théorie ces ajustements, la réalité se porte beaucoup plus en faveur de la redistribution, pour déclencher des gains de productivité qui sont la source même de la croissance économique.

En conclusion, la redistribution est bonne pour la croissance, la redistribution est source de productivité.

lundi 27 décembre 2010

Une (très) bonne nouvelle

Une fois n'est pas coutume, ce blog héberge une note d'espoir. La raison en est simple : la réflexion autour d'une protection sociale mondiale avance ! Le FMI, l'ONU et certains économistes renommés ont commencé à soutenir cette idée, non pas sur des considérations morales qui mériteraient en eux-mêmes d'étudier le sujet, mais sur des considérations économiques. Et pour cela, il faut remercier Lula.

Lula a montré au monde qu'en instaurant une protection sociale pour les plus démunis, il permettait de créer une croissance de la demande interne durable, moteur d'un développement positif pour tout un pays. Bien sûr, cette protection doit être bien pensée, afin qu'elle ne parte pas en exportations et ruine le pays qui la met en place, mais les besoins premiers d'un pays pauvre vont souvent à des biens de première nécessité, fournis par l'économie nationale. Ainsi, la redistribution vers les couches les plus basses est une stratégie de soutien de la demande très intéressante, car les pauvres consomment le peu d'argent qu'ils ont beaucoup plus qu'ils ne l'épargnent.

Donc, pour relancer une économie mondiale défaillante, l'idée est simple : recopier la tactique Lula. Et par la même occasion, sortir quelques centaines de millions de personnes de la misère... Autant dire que l'idée est bonne, car elle rejoint le diagnostic de surépargne qui gangrène l'économie mondiale, provoquant une grave crise d'endettement public. Rétablir l'équilibre entre consommation et épargne passe par une redistribution des revenus, et par l'acceptation que le marché capitaliste ne permet pas à lui tout seul de rééquilibrer naturellement l'économie, surtout quand des stratégies de protectionnisme monétaire sont à l'oeuvre. En définitive, le creusement des inégalités, défendu par les capitalistes comme une nécessité pour la croissance économique, se révèle au contraire une limite majeure à la croissance de l'économie, car celles-ci créent des bulles d'endettement insoutenables à terme. Et le monde, qui sort à peine de l'éclatement d'une bulle immobilière, va bientôt vivre l'explosion de la suivante, bien plus grosse, celle de la dette publique...

vendredi 24 décembre 2010

Le triple A de la France

Voilà une annonce étonnante en ces temps de dégradation des notes européennes : Standard & Poor's confirme la note AAA de la France ! Mouvement très étrange au demeurant, quand on connaît la situation française (7,7 % de déficit et une dette de plus de 80 % du PIB). Cette annonce semble destinée aux investisseurs, avec pour but inavoué de conserver un niveau élevé pour l'euro. Car si la France en venait à être dégradée, nul doute que l'euro s'effondrerait, ce qui ne ferait pas les affaires des USA et de la Chine en particulier. Il est donc préférable de maintenir l'illusion le plus longtemps possible, afin que la compétitivité européenne reste défaillante, permettant aux américains et aux chinois de relancer leur propre machine économique.

Le jour où la Chine comprendra qu'elle a aujourd'hui plus intérêt à réévaluer sa monnaie pour profiter de matières premières moins chères, qu'à la conserver sous-évaluée, la situation évoluera favorablement. Mais elle ne semble pas prête à faire ce mouvement rapidement, entraînant le monde et en particulier l'Europe dans une grave crise d'endettement public...

vendredi 17 décembre 2010

La crise continue

Les dernières semaines ont été finalement tranquilles, avec de nouvelles étapes attendues vers la crise de la dette publique européenne : la dégradation des notes des pays les plus exposés (l'Irlande de 5 crans par Moody's !, la Grèce encore une fois, et même la Belgique maintenant), le sauvetage de l'Irlande par un prêt du FESF de 25 milliards, les craintes sur le Portugal et l'Espagne, et une renégociation de la dette grecque par le FMI et l'Union Européenne.

Ce qui paraît irréel est que malgré ces alertes de plus en plus marquées sur la situation de l'économie européenne, l'euro ne soit pas encore descendu à des niveaux abyssaux. Bien sûr, ce n'est aucunement l'intérêt des autres pays mais l'euro devrait logiquement s'effondrer quand on voit la BCE se préparer par une augmentation de capital à absorber des centaines de milliards de dette publique européenne, à monétiser la dette publique. Le déclic devrait arriver quand la France et de l'Italie seront elles aussi dans des situations de plus en plus désespérées...

Voici donc la suite logique : plans de rigueur inefficaces dans les pays les plus exposés à une crise de leur dette publique, continuation des déficits et interventions accrues de la BCE pour soutenir les emprunts souverains, jusqu'à ce que l'effondrement de l'euro amène une inflation importée (énergie et matières premières) qui permettra de rééquilibrer les budgets par l'effacement des dettes publiques. Une grande vague d'inflation, il n'y a rien de mieux pour effacer de la dette publique, qui de toute façon ne pourra jamais être remboursée...

lundi 22 novembre 2010

L'Irlande se fait aider, le Portugal et l'Espagne suivent

L'Irlande va donc recevoir une aide financière du FESF et du FMI. Le montant oscillerait entre 50 et 90 milliards d'euros, soit une somme très importante au regard du PIB irlandais. Cette aide est la bienvenue pour détendre les taux d'intérêts des obligations irlandaises, mais pose la question de la réaction en chaîne vis-à-vis des autres pays en difficulté budgétaire, en premier lieu le Portugal et l'Espagne.

Le Portugal, dont les taux d'intérêt sont de 6,5 % actuellement, y aurait intérêt, puisque l'aide apportée sera à un taux d'intérêt bien inférieur. Au vu de ses besoins de financement en 2011, presque 20 milliards au premier semestre 2011, cette issue semble inéluctable, comme pour l'Espagne. Le Portugal a pour l'instant une dette équivalente à 82 % de son PIB et un déficit supérieur à 7 %, et avec des réformes drastiques en cours, ce n'est pas avec une récession que les choses iront en s'améliorant. Il faut donc s'attendre à ce que le Portugal soit lui aussi aidé début 2011...

L'Espagne dit évidemment ne pas avoir besoin d'aide, tout comme le Portugal, mais avec presque 10 % de déficit en 2010, et sûrement plus de 8 % en 2011, cela semble difficile à croire. Pourtant, l'Espagne n'est qu'à 65 % de dette publique, soit un niveau relativement faible comparé aux autres pays européens en difficulté (et on peut y mettre la France et l'Italie). Mais le problème espagnol est plus du côté de l'endettement privé, où l'explosion de la bulle immobilière a causé beaucoup de dégâts sur la solvabilité des ménages et fait exploser le chômage...

En conclusion, le problème européen s'aggrave, et il ne reste plus qu'à attendre son extension aux autres pays latins pour que la BCE entre en jeu, et commence à monétiser la dette de l'Europe, afin d'enfin faire plonger l'euro à des niveaux plus acceptables. Voilà où nous aura mené le protectionnisme monétaire des pays en voie de développement, refusant de laisser leurs monnaies s'apprécier pour rééquilibrer l'économie mondiale, ainsi que l'idéologie strictement anti-inflationniste des banques centrales des pays développés.

vendredi 19 novembre 2010

Bernanke et Roubini

Nouriel Roubini et Ben Bernanke ont donné leurs opinions ces derniers jours, opinions en concordance avec ce blog. L'auraient-ils lu ? La probabilité est plus que faible, mais il est utile de résumer leurs propos et de souligner la correspondance entre ceux-ci et le message de ce blog.

Nouriel Roubini a parfaitement résumé la situation en France, guère plus brillante que l'Irlande ou la Grèce. L'Irlande, d'ailleurs, a donc finalement admis ses discussions avec le FESF et le FMI afin de trouver un financement complémentaire pour soulager les taux d'intérêts élevés qu'elle doit payer en ce moment. L'aveu a soulagé les marchés mais jusqu'à quand ? Le plus intéressant dans le discours de Nouriel Roubini a été d'analyser la situation politique de la France de façon judicieuse : "Sarkozy est arrivé au pouvoir en disant 'je vais faire beaucoup de réformes'. Il ne l'a pas fait. Maintenant il est affaibli, il pourrait perdre les élections, et par conséquent il retarde la rigueur et les réformes." Voilà pourquoi les réformes auront lieu après la présidentielle 2012, s'il en est encore temps.

Ben Bernanke, de son côté, a appuyé sur le point dur de l'économie mondiale : la manipulation des monnaies des pays émergents. Les pays émergents ont beau jeu de manipuler leur monnaie pour la garder artificiellement basse, afin de soutenir leurs exportations et donc leur croissance. La question qu'il pose est la bonne : "pourquoi les autorités de nombreux pays émergents ont-ils empêché l’appréciation de leurs devises à des niveaux plus adaptés à leurs fondamentaux économiques ?" La réponse est simple, mais n'est pas du tout adaptée à l'idéologie libérale d'un marché oeuvrant libéré des contraintes politiques. L'exemple est frappant, car cette manipulation des monnaies, et en premier lieu, de la Chine, répond à un besoin interne égoïste, alors qu'il mène au krach suivant des dettes publiques, et donc à l'hyperinflation par l'utilisation de la planche à billets. Mais ceci est une extrapolation à moyen terme, que Ben Bernanke n'a bien évidemment pas prononcée.

dimanche 14 novembre 2010

Productivité et Redistribution

Dans le capitalisme, un des effets constants des gains de productivité que la science permet est une mauvaise distribution des revenus et des richesses.

Le terme 'mauvaise distribution' fait ici référence non pas à une notion de justice définissant une bonne distribution, mais plutôt à un optimum économique. Cet optimum économique survient lorsque la consommation et l'épargne sont suffisantes pour entraîner la croissance économique durablement au lieu de la réfréner en créant des bulles et des krachs (par un excès d'épargne en général). Dès que l'économie s'éloigne un peu trop de cet optimum, elle commence à dérailler, si bien qu'atteindre une bonne distribution, qui maintienne cet optimum est un vrai objectif économique.

Le capitalisme entretient un culte de l'individu où les gains de productivité que la science permet sont au bénéfice des producteurs, des actionnaires en particulier, puisque ce sont eux qui les font survenir. Même si cette idée est en partie vraie, l'Etat y contribue grandement par le financement de la science fondamentale, indispensable mais infinançable par la sphère privée car bien trop aléatoire dans ses résultats. De plus, malgré ce que dit l'idéologie utopique du marché, celui-ci ne peut rééquilibrer dans la réalité par la concurrence les positions dominantes prises par les producteurs. Par exemple, le marché du travail est loin de l'idéal de concurrence parfaite qui ferait du marché un outil de distribution optimum des revenus. Le chômage, induit par la productivité élevée des économies modernes aussi bien qu'une croissance économique sous-optimale, en est un exemple flagrant.

Ainsi, si le capitalisme n'arrive pas à répartir convenablement les revenus pour entretenir la croissance, apparaît une raison économique d'agir sur la distribution des revenus : répartir les gains de productivité afin de ne pas dériver trop loin de l'optimum économique. La redistribution n'est plus ancrée dans des visions politiques controversées, mais plus fondamentalement économiques. Il est possible de défendre une redistribution par l'Etat afin d'entretenir la croissance, de ne pas laisser libre cours à la surépargne, et ainsi contrecarrer les tendances profondes du capitalisme.

samedi 13 novembre 2010

L'Irlande continue à inquiéter

L'Irlande s'est financée cette semaine à un taux d'intérêt de 9 %, du jamais vu jusqu'à maintenant pour elle. Mais la Grèce a déjà fait mieux cette année, et le marché se demande si l'Irlande ne se dirige pas dans la même direction. Ajoutons à cela l'annonce prochaine de la non-tenue des objectifs de réduction des déficits grecs, et le résultat est clair : le pire est encore devant nous en Europe. Car pour l'instant l'Espagne et le Portugal ne font plus la une des journaux, mais ils ne sauraient tarder à revenir sur le devant de la scène économique quand eux aussi reviendront se financer. Avec 4 pays en difficulté dans la zone euro et l'arrivée prochaine de l'Italie et de la France dans la course, une véritable crise européenne surviendra.

Comme je l'ai écrit dans un précédent message, le fonds de stabilité européen, qui discuterait avec l'Irlande sur le sujet du financement de sa dette publique (le FMI doit se trouver juste derrière) aura un rôle majeur dans l'engrenage, puisqu'il enchaînera tous les pays européens dans les difficultés financières et en particulier l'Allemagne, qui agace tout le monde par son attitude de premier de la classe, alors qu'on pourrait l'appeler parasite de la classe. Dans la course éperdue à la compétitivité, l'Allemagne est bien sûr très bien placée, mais dans la consommation qui entraîne la croissance, il n'y a plus grand-monde...

Le fonds de stabilité européen, donc, aura cet heureux rôle de rendre la zone euro solidaire dans les problèmes de ces membres, ce qui amènera l'effet majeur attendu : l'effondrement de l'euro. Autant la Fed aux Etats-Unis fait de façon volontariste de la dévaluation, autant la BCE n'aura pas grand chose à faire, puisque les Etats européens se chargeront eux-mêmes de dévaluer leur monnaie commune, par leurs déficits énormes. Espérons que cela ne soit pas trop brutal néanmoins, pour éviter une hyperinflation dévastatrice...

vendredi 5 novembre 2010

La Fed monétise (encore)

M. Bernanke est un économiste pragmatique, et c'est ce qui fait sa force. Il n'a pas hésité à continuer sa politique de 'quantitative easing' (qu'il faut comprendre comme faire tourner la planche à billets) pour éviter le risque de déflation et de stagnation économique qui guettent l'Amérique. Même si 600 milliards est un chiffre assez faible au regard de la dette astronomique des Etats-Unis, il est suffisamment significatif pour faire passer le message voulu : entre le sacrifice du dollar ou de l'économie américaine, c'est le dollar qui sera choisi.

Cette position est très sensée, puisque le dollar ne survivrait de toute façon pas à une récession économique et une déflation aux Etats-Unis. Autant donc le faire couler, puisqu'il apportera avec lui l'inflation si attendue qui permettra à l'Amérique de se sortir de cette montagne de dettes qu'elle ne pourra jamais rembourser.

Le plus étonnant est que la BCE ne suive pas le mouvement, mais cela ne saurait tarder avec les problèmes économiques que devraient vivre les Etats latins fortement endettés. La solution pour l'Europe serait donc d'entrer dans la course à la dévaluation avec les Etats-Unis, mettant ainsi sous pression le yen et le yuan, et obligeant la Chine et le Japon à prendre leurs responsabilités monétaires, et à positionner leurs monnaies comme des monnaies internationales fortes. Mais cela ne fait pas encore les affaires de la Chine, qui aimerait attendre de se reposer réellement sur sa consommation intérieure pour soutenir sa croissance. Le jour où le gouvernement chinois entérinera l'idée qu'une monnaie forte peut être un facteur important de soutien de se demande intérieure, et non seulement une conséquence, ce mouvement pourra avoir lieu. Espérons qu'il arrive vite, car là se trouve la solution aux désordres économiques qui entretiennent le déséquilibre mondial.

samedi 23 octobre 2010

Rigeur en Angleterre : A bas les fonctionnaires (!)

L'Angleterre vient d'annoncer une mesure édifiante et très british pour nous autres français : le licenciement massif de fonctionnaires. Presque 500 000 fonctionnaires anglais vont disparaître d'ici à 2015, par non remplacement des départs à la retraite, mais aussi par le licenciement de fonctionnaires. Quand l'Angleterre fait une cure d'austérité, elle ne la fait pas à moitié...

Au moins le gouvernement anglais a le mérite de la cohérence, ce qui doit rassurer les marchés financiers : la réduction des déficits publics s'annonce drastique, par la baisse des dépenses et la hausse des impôts. Mais la croissance risque d'être l'aliment manquant de cette soupe anglaise indigeste, annulant les efforts du gouvernement. Le risque sur la dette est tel qu'il n'entrevoit pas d'autre solution, ou se refuse à l'autre solution logique : dévaluer la livre et lancer l'inflation...

Avec 12 % de déficit public en 2010, il est vrai que des solutions dramatiques doivent être prises, mais n'est-ce pas là le tribut d'une économie surdimensionnée sur le secteur financier et qui donc paie le prix fort de la crise des subprimes ? A moins que par chance le secteur financier anglais reprenne des couleurs en finançant la croissance vigoureuse des BRIC (ce qui est très douteux cependant). Bonne chance aux anglais, et God save the Queen, puisqu'Il ne semble pas prêt à sauver les autres anglais...

dimanche 17 octobre 2010

Attali remet ça

Jacques Attali en remet une couche, avec un deuxième rapport mettant en garde contre le déficit public. Une critique assez virulente mais justifiée de son approche récessionniste a été réalisée dans le blog ci-dessous :
http://dechiffrages.blog.lemonde.fr/2010/10/17/jacques-attali-expert-en-acquiescement/
Je n'y reviendrais donc pas.

Par contre deux mesures du rapport méritent d'être saluées et mises en avant, la première étant l'instauration d'une TVA sociale, une bonne mesure évidemment pour améliorer l'embauche (le coût d'une embauche est moins élevé et le licenciement moins intéressant), et qui plus est créatrice potentielle d'inflation. Autant dire que c'est une mesure à suivre rapidement et à instaurer le plus largement possible. La deuxième mesure, revoir l'impôt sur les successions, est encore plus importante, afin de procéder à un transfert national pour réduire la divergence des classes sociales, et continuer à soutenir la consommation.

Par contre, le gel des salaires des fonctionnaires est une mesure très inquiétante, car elle impactera directement la consommation, surtout si l'inflation se déclenche. D'ailleurs l'idée d'une dévaluation de l'euro, seule solution vraiment efficace de réduction de la dette publique (par de l'inflation importée et un gain de compétitivité), est complètement laissée de côté, et c'est regrettable.

Il y a donc eu des améliorations dans le deuxième rapport Attali, par rapport au premier, même si l'on reste encore dans le banalement ressassé. Peut-être le troisième rapport Attali sera-t-il un vrai succès ?

mardi 12 octobre 2010

Rééchelonnement de la dette grecque

Le débat a été lancé, celui du rééchelonnement de la dette grecque, qui atteindra bientôt 130% du PIB, avec des prévisions allant jusqu'à 165%. Avec la récession en cours en Grèce, il n'est pas impossible du tout que ce chiffre s'envole encore, pour atteindre les 200 % dans quelques années. Le sujet du rééchelonnement de la dette grecque, évoqué au FMI, est donc un sujet d'actualité puisqu'il ne faudrait pas asphyxier la Grèce par des taux d'intérêts trop élevés et des besoins de refinancement trop courts. Mieux vaut donc allonger la maturité des dettes, afin de laisser le temps à la Grèce de se rétablir économiquement.

Evidemment, l'Allemagne s'étrangle et commence à dire qu'il n'en est pas question. Evidemment, elle ne s'y opposera plus quand la situation sera insoutenable, réussissant le tour de force de céder devant les problèmes de la Grèce tout en contribuant à les empirer par sa réticence à les résoudre de façon solidaire. Mais il est plutôt judicieux de démarrer le débat maintenant, alors qu'il est encore tôt pour que l'Allemagne s'y fasse doucement, tandis que les signaux s'allument dangereusement dans toute la périphérie européenne. L'Irlande reine du déficit, la Grèce reine de la dette, la péninsule ibérique en cure d'austérité sur fonds de récession, le cocktail est assez indigeste. Heureusement que ce n'est que le début, en attendant le tour de l'Italie et de la France, où les choses vont vraiment commencer à se corser, avec le dévissage tant attendu de l'euro.

dimanche 10 octobre 2010

Equilibre

En continuant sur la lancée théorique (voir le billet précédent sur la complémentarité entre Etat et Marché), un autre problème majeur du capitalisme est le déséquilibre macroéconomique qu'il engendre. Ce déséquilibre est déjà apparu historiquement, provoquant le krach de 1929, puis plus récemment la crise des subprimes et enfin le prochain krach de la dette publique. Lorsque le capitalisme est laissé à lui-même, il a une tendance naturelle à provoquer une aspiration des fruits de l'économie vers les classes dominantes (propriétaires rentiers, classes supérieures) et à mettre sous pression les salaires des moins diplômés. Pour le dire simplement, le capitalisme détruit la classe moyenne, celle qui est la plus indispensable pour une croissance à long terme élevée, car elle le moteur de la consommation.

Ce paradoxe, alors que le capitalisme est censé apporter des gains de productivité bénéfiques à tous sur le long terme, n'est qu'apparent. En effet, autant le marché créateur de concurrence permet de faire des gains de productivité répartis ensuite à tous, autant le capitalisme capte les revenus et distord l'optimum de consommation qui permet d'entretenir la croissance de la production. Cela est donc en soi une justification d'une action économique majeure de l'Etat, la redistribution.

La redistribution a souvent été décriée, car perçue comme un vol ou une injustice, tout en étant d'un autre côté défendue au nom de la justice sociale. L'argument ne sera pas ici un argument de justice ou de droit, mais au contraire un argument purement économique. La redistribution par l'Etat a pour but de rétablir l'équilibre, revenir à un optimum de consommation qui permette à l'économie de croître sans recours à un endettement excessif. Cette Redistribution Démocratique de Productivité (RDP) a donc pour but d'entretenir la consommation dont la distribution a tendance à dériver de l'optimum dans le capitalisme. Elle se justifie donc par la volonté de rééquilibrer l'économie sans établir de lien direct entre salaires et consommation, la distribution des gains de productivité dans le capitalisme ne permettant d'atteindre seule l'optimum de consommation. La RDP a pour but de faire profiter à tous des gains de productivité que la société a su créer depuis très longtemps, et qui donc n'appartiennent à personne en particulier.

En conclusion, la redistribution est une action justifiée économiquement, afin de rétablir l'équilibre économique, l'optimum de consommation issu d'une meilleure distribution des revenus. Cette RDP serait également distribuée à tous, sans contrainte de revenus et quelle que soit leur activité ou inactivité, donnant ainsi toujours une motivation à aller travailler par un gain supplémentaire. L'Etat a
donc un rôle macroéconomique majeur dans le marché, celui de contribuer à conserver (ou retrouver) l'équilibre économique permettant une croissance optimale à long terme.

mercredi 6 octobre 2010

Record battu

L'Irlande aura donc droit au triste record du plus grand déficit annuel jamais réalisé : 32 % de son PIB ! La dette approche les 100 % du PIB et le pays est en récession (une estimation de -1,7% du PNB). Tout est donc en place pour que les taux d'intérêt de la dette irlandaise montent à de nouveaux sommets.

Bien sûr, ni le FMI ni le Fonds de Sauvetage Européen ne déclarent avoir besoin d'intervenir pour soutenir l'Irlande (i.e. acheter sa dette publique à la place des marchés financiers), ce qui indique qu'ils vont le faire assez vite, probablement en 2011.

Evidemment, la colère des Irlandais contre le système financier est forte, et on ne peut pas vraiment le leur reprocher. Les décisions budgétaires du gouvernement irlandais sont pourtant aussi critiquables, mais l'Irlande est habituée à tirer parti de la croissance étrangère, et ne veut donc pas supporter le poids du maintien de sa consommation interne. Malheureusement, tant que l'économie européenne ne sera pas repartie à la hausse, la sortie de crise de l'Irlande sera difficile. Autant dire que la croissance de l'économie en Europe en 2011 sera cruciale.

mercredi 29 septembre 2010

Complémentarité

Alors que l'Espagne continue d'inquiéter le monde financier, à peu près à égalité avec le Portugal et l'Irlande, il est temps de disserter rapidement sur l'interaction entre Etat et marché, longtemps opposés, mais en réalité beaucoup plus complémentaires qu'il ne paraît.

Bien sûr, tout commence par la séparation entre capitalisme et économie de marché, bien plus opposés que combinés, même s'ils ont été longtemps confondus. Une économie de marché n'est pas nécessairement une économie où le capital possède le pouvoir de décision des entités de production, mais plutôt un système de promotion de la liberté par le biais de la concurrence, niveleuse de pouvoirs économiques. Ainsi une économie de marché n'est pas un système de pur laissez-faire mais doit obéir à quelques règles, de répartition de pouvoir en particulier, afin que les pouvoirs restent limités et ne viennent pas fausser la liberté individuelle qu'elle doit créer.

De son côté, l'Etat, quand il est démocratique, porte aussi un idéal de liberté individuelle, idéal inscrit dans les constitutions et symbolisé par la séparation des pouvoirs (judiciaire, législatif, exécutif). Cette séparation permet relativement bien à l'individu de se défendre face à l'Etat, par la défense de ses droits fondamentaux. C'est d'ailleurs cette idée de liberté de l'individu opprimé par l'Etat monarchique qui a sous-tendu les révolutions démocratiques des siècles passés. Par conséquent, Etat démocratique et marché (non le capitalisme) ont le même but, la liberté. Mais L'Etat démocratique ne doit pas pour autant s'immiscer dans chaque recoin de l'économie de marché pour la faire survenir.

En effet, l'Etat doit permettre aux différents pouvoirs économiques de s'exprimer et de s'opposer, mais il ne doit pas diriger le marché, car il le fait par une approche top-down qui ne correspond pas du tout à la structure mouvante, fluide, d'un système constitué d'interactions individuelles perpétuelles. La régulation du marché doit plutôt se faire par une approche bottom-up, où ce sont les pouvoirs microéconomiques qui s'affrontent et s'équilibrent, l'Etat se préoccupant bien plus des sujets macroéconomiques, à sa taille et à son niveau d'action.

Avec cette vision nouvelle du marché, qui obéit à ses avantages réels, une nouvelle relation entre Etat et marché se dessine, une relation de complémentarité, et non d'opposition. Laissons donc l'opposition Etat-marché au siècle dernier, et commençons à parler de complémentarité, à l'alliance entre Etat et marché.

lundi 27 septembre 2010

Chacun pour soi

Le jeu des monnaies majeures commence à devenir fascinant, car des fissures énormes sur la façade coopérativiste mondiale sont apparues (il est d'ailleurs paradoxal de demander de la coopération monétaire dans un marché normalement dominé par la compétition, mais la pratique n'est pas toujours clémente avec l'idéologie). La banque centrale japonaise a ouvert le bal en manipulant sa monnaie pour lutter contre le yen fort, la banque centrale américaine a répliqué en annonçant que la planche à billet pourrait être de retour aux USA pour soutenir la croissance américaine défaillante, et la banque centrale chinoise à bien sûr continué son jeu de sous-évaluation du yuan pour soutenir ses exportations. Ne restait que la banque centrale européenne, qui n'a besoin de rien faire, sinon d'attendre une nouvelle émission mouvementée de dette publique d'un des PIGS. Bref, chacun lutte de son côté pour ne pas étouffer sa croissance domestique par une monnaie trop forte.

Le résultat de cette cacophonie, ou de cette saine compétition, au choix, est que les monnaies évoluent de façon erratique. En ce moment, l'euro est remonté très haut, mais ne devrait pas y rester très longtemps avec les problèmes de déficits publics de la zone euro. En effet, les obligations à 10 ans du Portugal, de l'Espagne et de l'Irlande sont bien au-dessus de 6%, un nouveau record. De l'autre côté de l'Atlantique, le nouveau cheval de bataille de l'Amérique est plutôt le yuan, avec des premières sanctions contre sa sous-évaluation permanente, qui donneront peut-être quelques résultats positifs.

Pour finir sur une touche nationale, notre Ministre du Budget F. Baroin a raconté une bonne blague la semaine dernière, annonçant un déficit à 92 milliards en 2011 alors que celui de 2010 devrait flirter avec les 150 milliards de déficit. Quand on sait que l'élection présidentielle est en juin 2012, le déficit 2011 risque d'être un sujet plus que secondaire...

dimanche 12 septembre 2010

Irlande : prochain vilain petit canard ?

L'Irlande continue d'inquiéter, et se dispute la première place du palmarès avec le Portugal dans la course à la crise de la dette publique souveraine en Europe. Selon l'agence de notation Standard & Poor's (S & P), la dette publique irlandaise pourrait atteindre 113 % du PIB en 2012. Le déficit public, de 14,3 % du PIB en 2009, sera peut-être de 20 % en 2010. des chiffres qui laissent rêveurs sur les perspectives des prochaines années pour l'Irlande.

Le problème est que le naufrage de la dette publique d'une petite économie comme l'Irlande n'est pas suffisant pour enclencher le vrai mouvement salvateur de la zone euro, celui de l'effondrement de l'euro, qui créera l'inflation si nécessaire pour désamorcer la dette publique. Il faudra donc attendre l'Espagne, l'Italie et la France pour que l'euro s'effondre réellement et amène une vague d'inflation suffisante pour rendre la dette publique une question secondaire, vu qu'elle ne vaudra plus rien...

Du côté français, Christine Lagarde, Ministre de l'Economie et des Finances, a confirmé ce que tout le monde savait, une non-augmentation des impôts jusqu'en 2013, pour cause d'élections présidentielles en 2012. La politique a ses raisons que la raison ne connaît point, mais on est tout de suite moins enclin à l'accepter que pour le coeur.

vendredi 27 août 2010

Irlande : la dégradation continue

Après une nouvelle dégradation de la note de l'Irlande (de AA à AA- avec surveillance négative), à cause de ces déficits toujours excessifs, les marchés financiers reprennent peur au sujet des pays européens, et en particulier de la croissance faible qui leur laisse peu de marge de manoeuvre pour réduire leurs déficits. La BCE doit aussi s'inquiéter et se préparer à réactiver son programme de rachats d'urgence de dettes souveraines, comme elle l'avait fait avec la Grèce. Le danger semble encore lointain, mais il approche aussi vite que les craintes des marchés financiers. Paradoxalement, les craintes sur la croissance mondiale permettent aux Etats d'emprunter à des taux historiquement bas, leur enlevant de la pression, en particulier les Etats-Unis et l'Allemagne.

Une anecdote plus drôle, la sortie d'un film intitulé comme ce blog, Krach, est prévue pour le 1er septembre prochain.
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=109083.html
Espérons qu'il ne s'agira pas d'un krach de la dette publique, car il pourrait bien être prophétique dans ce cas-là.

lundi 23 août 2010

Moody's : 2ème mi-temps

Après avoir asséné un avertissement aux grands pays européens (et aux Etats-Unis) sur leur note AAA, Moody's fait maintenant l'exercice inverse et déconseille la rigueur qui pourrait empêcher le retour de la croissance en Europe. Le message est clair, même s'il peut paraître schizophrène : "Arrêtez de dépenser sans compter, mais n'arrêtez pas de dépenser non plus". La ligne médiane entre ces deux positions est difficile à trouver, car trop peu de réduction de déficit sera mal perçu par les marchés, et pourrait accroître la pression sur les taux d'intérêt, et trop de rigueur fera peur sur les capacités de croissance future, et pourrait accroître la pression sur les taux d'intérêt. Bref, quoi qu'il se passe, le résultat est le même. Seule une croissance importante sans rigueur pourrait sortir l'Europe de cette impasse, mais celle-ci semble difficile à trouver, hors l'Allemagne qui profite à plein de la croissance mondiale, et asiatique en particulier.

Le mouvement salvateur en Europe serait naturellement une dévaluation de l'euro qui importerait de l'inflation et permettrait de régler à la fois le problème de compétitivité et de dette publique, mais la BCE ne semble pas encore prête à sacrifier l'euro sur l'autel du sauvetage de l'économie européenne. Mais le moment approche où, à force de reculer, il faut sauter, et plus tard sera le moment, plus dures seront les conséquences.

mercredi 18 août 2010

Moody's prépare le terrain

Moody's est en train de préparer le marché financier à la dégradation des notes de pays européens majeurs, comme la France. Son annonce hier est donc le début d'un processus qu'elle voudrait sûrement rendre graduel, afin de ne pas effrayer subitement les investisseurs et provoquer un mini krach boursier. Ce sont de sages précautions mais la réalité de la bourse devrait être comme d'habitude une amplification irréaliste des baisses et des hausses en fonction de la confiance des acteurs. Les premières dégradations de notes AAA devraient donc être suivies de très près afin d'y déceler les premiers signes de panique.

De l'autre côté du monde, la Chine a finalement atteint le statut de 2ème puissance économique mondiale au 2ème trimestre 2010, devant le Japon. Il est vrai qu'il reste beaucoup de chemin à faire avant d'atteindre un PIB par habitant proche de ceux des pays développés, mais la croissance toujours énorme de la production devrait permettre d'atteindre assez rapidement un niveau de vie significatif pour la majorité de la population. On comprend donc l'intérêt des entreprises à y être présentes. Le lobbying pour y arriver est donc un facteur important dans les décisions politiques internationales, qui expliquerait peut-être le maintien d'un yuan aussi sous-évalué depuis si longtemps, sans sanctions économiques.

vendredi 13 août 2010

Prévisions de croissance en baisse et monétisation de la dette publique

Hier, la Fed a donné une leçon d'économie anti-déflationniste au monde entier. En gardant son taux d'intérêt directeur au plus bas, en annonçant qu'elle allait continuer à monétiser la dette publique américaine afin que l'Etat américain puisse encore dépenser sans y regarder de trop près, elle a clairement indiqué que la déflation était son principal ennemi, bien plus que l'inflation.

Il est vrai que la faiblesse de la croissance réelle de l'économie américaine (on parle de 1,5 % en enlevant les effets stocks) est de mauvais augure pour l'arrêt du déficit public américain et encore plus pour le remboursement de la dette publique. La solution est donc celle, pragmatique, de la Fed : elle est prête à envoyer le dollar à la cave, à accepter l'inflation, pour éviter la déflation. Sage décision pour une économie dont le déficit commercial mensuel est revenu à son plus haut, 50 milliards de dollars, dont une bonne moitié provient des échanges avec la Chine, bien aidée par un taux de change quasi-fixe qui sous-évalue considérablement le yuan.

De là à dire que la stratégie à long terme de la Chine est d'imposer le yuan comme monnaie internationale, il y a un pas que je ne franchirai pour le moment pas. Mais le mouvement semble inéluctable... Pour sauver l'économie américaine, la Fed dévaluera le dollar de façon importante, l'euro est en sursis de dégringolade, issue des déficits publics colossaux de ses pays membres, le yen n'est plus crédible vu la dette publique japonaise. Il reste donc le yuan, qui pourrait à la faveur de la chute de l'euro et du dollar devenir la nouvelle monnaie de référence internationale. Si la Chine arrive à enclencher une forte croissance de sa consommation intérieure et ainsi devenir beaucoup moins dépendante des exportations, elle aura tout intérêt à faire ce mouvement afin de financer son expansion par le yuan. Le yuan sera-t-il la monnaie du XXIème siècle ?

samedi 7 août 2010

Le Fonds européen de stabilité financière (FESF)

Le Fonds européen de stabilité financière (FESF) est lancé aujourd'hui, et dispose de 440 milliards d'euros pour venir en aide aux pays européens dans le besoin. Cette solidarité européenne autour de la dette publique est une bonne nouvelle pour les pays endettés, heureux de pouvoir se reposer sur l'Allemagne pour financer leurs énormes dettes. Les autres pays contributeurs ne font en réalité que transférer une partie de leur dette publique vers le fonds, comme le Portugal, l'Espagne, l'Italie ou la France.

Prenons l'exemple de la France pour illustrer le propos : la France contribuera dans le FESF si le besoin d'un pays endetté s'en fait sentir, mais le FESF interviendra aussi pour acheter la dette publique française à un niveau bien supérieur à cette contribution initiale. Je te prête 1000 euros, et tu m'en prêtes 5000 en retour... A ce jeu-là, l'engagement des pays latins est relativement facile à obtenir, au contraire de l'Allemagne, et on comprend vite pourquoi. Mais saluons néanmoins cet effort, qui entraînera donc aussi l'Allemagne dans les problèmes de dette européenne, alors qu'elle aurait pu profiter de l'effondrement de l'euro pour doper ses exportations sans avoir de restructuration de sa dette souveraine à effectuer.

L'autre nouvelle récente est le satisfecit du FMI sur la Grèce : une récession de 4% cette année en Grèce semble être source de grand plaisir pour le FMI. Cela paraît bien étrange mais il est vrai que l'inflation à 5% dans le pays est une bonne nouvelle pour le remboursement de la dette grecque (ce qui valide empiriquement la possibilité du couple récession/inflation). Ce qui est incompréhensible ici est l'échelle de temps : comment un pays en récession sévère peut-il rembourser sa dette publique ? Le FMI pense que le retour à la croissance pour la Grèce se fera à l'horizon 2012, mais quid du retour à l'équilibre budgétaire ? Avec quelque chose comme 150 % de dette publique en 2012, comment la Grèce pourrait-elle jamais rembourser cette dette colossale, si ce n'est par l'inflation ? Le FMI doit avoir la réponse...

samedi 31 juillet 2010

Réduction du déficit français

Mais que fait DSK ? Le FMI vient de dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas, à savoir que la réduction du déficit public français sera bien moins rapide qu'annoncée par le gouvernement. Le FMI annonce un déficit de 3 % du PIB seulement en 2015 et non en 2013, simplement en retraitant les prévisions de croissance de la France à des niveaux bien plus normaux, et même encore optimistes. Mais il continue à croire à l'instauration d'une vraie politique de rigueur en France, à 2 ans de la présidentielle !

Il ne faut pourtant pas être très imaginatif pour savoir que le gouvernement évitera de serrer véritablement le budget en 2011, afin de garder une chance à Nicolas Sarkozy de gagner la présidentielle en 2012. Autant dire que 2011 et 2012 risquent d'être des exercices de déficit budgétaire élevés, amenant en réaction les marchés à demander des intérêts de plus en plus élevés et les agences à dégrader la note de la France. La question politico-économique majeure de la France est donc la suivante : le krach de la dette publique français aura-t-il lieu avant l'élection de 2012 ou après ?

Avant l'épisode de la Grèce, je penchai personnellemet sur 2013-2014, mais la Grèce, puis bientôt le Portugal, l'Irlande, l'Espagne et l'Italie vont accélérer les choses. Donc à l'heure actuelle je dirai plutôt 2011-2012 pour un épisode de crise majeure de la dette ouveraine européenne et d'effondrement de l'euro (qui aura un effet hyperinflationniste permettant de relancer l'économie européenne, qui a tant besoin d'inflation).

dimanche 25 juillet 2010

Stress test des banques européennes

Les résultats de stress tests effectués sur les banques européennes et rendus publics vendredi dernier ont sans surprise confirmé la solidité de la majorité des banques, et en particulier des banques françaises. le résultat n'est pas étonnant car il s'est basé sur l'idée qu'aucun Etat européen ne ferait faillite, puisque la BCE achètera toutes les dettes d'Etat en cas de besoin (monétisation de la dette). Puisqu'il n'y a pas de danger sur les dettes d'Etat ca c'est l'euro qui sera sacrifié plutôt que les Etats européens, les résultats des stress test ne pouvaient qu'être très bons...

Une autre information importante est apparue la semaine dernière, avec un basculement de la demande en pétrole vers la Chine plutôt que les Etats-Unis, qui devrait orienter le prix du pétrole toujours à la hausse, en fonction de la croissance asiatique. Un problème de financement de la dette publique en Europe ne devrait donc pas entraîner une chute rapide du prix du pétrole, mais plutôt créer de l'inflation par la hausse du prix du pétrole par rapport à l'euro (alors en chute libre).

dimanche 18 juillet 2010

Une nouvelle agence de notation chinoise

Une nouvelle agence de notation, Dagong Global Credit Rating, vient de voir le jour dans le monde de la finance mondiale, et bien sûr, elle est chinoise. L'événement est intéressant car ses notes sur les déficits publics reflètent beaucoup plus fidèlement la situation financière réelle des grands pays développés que les 3 autres agences occidentales historiques. Par exemple, attribuer un AA aux Etats-Unis n'a rien de scandaleux, pas plus qu'un AA- à la France ou à la Grande-Bretagne. On peut bien sûr se demander si la note AA+ de la Chine donnée par Dagong n'est pas un peu surévaluée, mais cela fait partie du jeu.

Ce qui est franchement irritant dans les 3 grandes agences occidentales, leur propension à prendre les prévisions américaines de croissance pour la réalité, et l'Europe pour le vilain petit canard perpétuel, est somme toute plutôt bien corrigé par Dagong. Saluons donc comme il se doit ce début d'équilibre dans les notes des dettes souveraines.

Sinon, côté grec, le pays va mieux, surtout parce que l'inflation semble s'installer au-dessus de 5 % par an (en mai et juin 2010, 5,4% et 5,2%), et pourrait bien accélérer encore si la récession ne la tue pas dans l'oeuf. Il serait donc judicieux que l'Etat grec ne poursuive pas trop fortement sa politique d'austérité, afin de laisser l'inflation oeuvrer et réduire le déficit et la dette publiques. A suivre...

mercredi 14 juillet 2010

Depreciation de l'euro : Henin a raison

Jean-François Henin, le patron de Maurel et Prom, a récemment demandé une dévaluation forte de l'euro, à 0,6 euro pour 1 dollar (http://www.lefigaro.fr/societes/2010/07/12/04015-20100712ARTFIG00307-le-patron-de-maurel-amp-prom-fustige-l-euro.php). Il a totalement raison, puisque la dévaluation de l'euro est la seule solution amenant rapidement de l'inflation et une compétitivité internationale dont l'Europe de l'Ouest a vraiment besoin. Ainsi, le mélange d'une inflation conjuguée à une croissance de la production permettra sans douleur de rééquilibrer les comptes public et éloigner le spectre du krach de la dette publique.

Malheureusement, la BCE n'est pas dans cet état d'esprit pour le moment, et attendra sûrement que le krach soit engagé pour réagir et inonder le marché de liquidités, faisant s'effondrer l'euro, alors qu'une baisse maîtrisée aurait été beaucoup moins destructrice pour l'économie dans son ensemble. Accepter l'inflation est la seule solution pour éviter l'hyperinflation...

dimanche 4 juillet 2010

Natixis et la hausse des salaires

Dans une note sortie il y a quelques jours, Natixis prône une solution totalement hétérodoxe mais aussi complètement dans la philosophie de ce blog. Ci-dessous se trouve le lien vers la note en question, qui imagine une hausse de 20 % des salaires et une dépréciation de 20 % de l'euro :
http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=53780

Cette solution est évidemment créatrice d'inflation, et donc bienvenue, mais est un peu trop unilatérale en l'état. En y ajoutant une augmentation des taxes sur l'énergie et les matières premières et en transférant la fiscalité du travail vers la valeur ajoutée, il serait possible de créer une inflation plus soutenue et plus durable qui permette d'entretenir suffisamment longtemps la réduction de l'endettement public et surtout de la surépargne.

A l'opposé, la proposition du Cercle des Economistes de créer une dette européenne est un pas supplémentaire vers le krach de la dette publique, même si elle pourrait le retarder un peu en permettant un financement plus facile aux Etats les plus endettés. Cette solution est bien sûr intelligente pour diminuer la pression des marchés, mais manque complètement le but de réduction de l'endettement public qui rassurerait les marchés.

samedi 3 juillet 2010

Chine et consommation

Le gouvernement chinois a parfaitement compris le problème majeur de la surépargne et tente depuis quelques semaines de le régler en réorientant son économie domestique vers une plus grande consommation et moins d'investissement, afin de diminuer les taux d'épargne et rentabiliser les investissements antérieurs. Les hausses de salaire décidées (ou acceptées) par les autorités vont donc dans le bon sens, même si le comportement individuel d'épargne est très difficile à modifier. En particulier, l'inflation entretenue par la hausse des salaires devrait permettre aux entreprises de rembourser leurs dettes d'investissement et donc éviter une débâcle productive alors que la croissance mondiale est bien faible.

Ainsi, même si cet effort est trop tardif au vu de la situation d'endettement des pays développés (il aurait dû arriver 5 ans plus tôt au moins), il met en lumière la problématique majeure à laquelle vont devoir faire face les pays largement exportateurs à la fois de produits et de monnaie (l'épargne est recyclée en dettes publiques étrangères), de type Chine ou Allemagne. Avec l'effondrement des dettes publiques et bien sûr un effondrement de la monnaie, euro en particulier, leurs actifs épargnés disparaîtront presque automatiquement, annulant l'effort d'épargne réalisé depuis longtemps. Dans une causalité tragique, l'accumulation d'épargne résultera en une disparition de cette richesse épargnée par l'inflation, inflation issue du krach des dettes publiques que l'épargne a elle-même créée...

mercredi 23 juin 2010

Economie et Football

En ces semaines intenses de football mondial, de Coupe du Monde, le rapprochement était tentant, et sera donc tenté. Quelle correspondance peut-il exister entre le football et l’économie ? Beaucoup plus qu’il n’y paraît au premier abord, et cela va bien au-delà des retombées économiques directes et indirectes d’un tel événement planétaire.


Imaginons un instant l’économie comme un sport, pratiqué dans un gigantesque stade où les spectateurs peuvent prendre plaisir à observer la compétition entre des protagonistes, sur le terrain. Dans cette configuration, la compétition est indispensable sur le terrain pour produire les effets attendus. On peut dire de même d’une économie de marché où, sans compétition, les effets du marché n’ont pas d’existence réelle. Si les joueurs sont les producteurs, il y a donc un effet positif majeur à la compétition, pour les clients qui ne sont autres que les spectateurs.


Etant dans une compétition, seuls les meilleurs gagnent et progressent de tour en tour, amenant de plus en plus de satisfaction aux spectateurs (clients) par leur jeu. Les perdants, éliminés, sont bien sûr déçus mais rien ne les empêche de tenter à nouveau leur chance en se réinscrivant à la compétition (en créant une entreprise), comme les spectateurs qui voudraient entrer dans la partie de la production, en plus d’être du côté de la consommation.


Mais là où la différence est frappante est que les perdants peuvent retenter leur chance dans la production (sur le terrain), mais perdent leur droit à la consommation (dans les tribunes). A chaque défaite, au lieu que les perdants se retrouvent dans les tribunes pour profiter du spectacle, en tant que spectateurs, ils se retrouvent jetés hors du stade, si ce n’est qu’un gentil stadier (l’Etat) leur permet de rester un peu plus de temps, mais seulement pour qu’ils reviennent dans la compétition.


Si la compétition a pour effet de diminuer le nombre de joueurs, par une productivité toujours croissante par exemple, un énorme problème se crée, car le nombre de spectateurs est plutôt corrélé au nombre de producteurs De plus en plus de personnes se retrouvent jetées hors du stade, sans moyen d’y revenir car leur jeu ne le leur permet pas.


Evidemment, un sport où les spectateurs sont refusés n’existe pas car sa raison d’être est d’avoir des spectateurs. De la même façon, une économie qui exclue des clients va au-devant de vastes problèmes, et pourtant c’est ainsi qu’elle fonctionne en ce moment. Au lieu de tirer les conséquences d’une productivité croissante liée à la compétition, et de conserver le plus de spectateurs (clients) possibles, elle les exclut, peut-être car la solution pour conserver les spectateurs, la redistribution, est beaucoup trop ancrée politiquement pour n’être envisagée qu’économiquement… En conclusion, l’économie est un sport où la compétition est bénéfique, si tant est que tous puissent rester dans le stade pour profiter de ladite compétition, chose qui n’est pour l’instant pas du tout acceptée alors qu’elle permettrait à ce sport de se développer magnifiquement bien. Et tout le monde sera victorieux, quel que soit le vainqueur sur le terrain.

lundi 14 juin 2010

Origine du krach

Ainsi que je l'ai déjà écrit dans ce blog, l'origine réelle du krach à venir est la surépargne, mais d'où vient-elle ? Ses causes sont capitalistes et scientifiques : la science permet des gains de productivité que le capitalisme s'approprie en grande partie (par une mauvaise redistribution des gains de productivité, et surtout des risques entre salariés et actionnaires). Puisque la science permet d'utiliser moins de travail pour produire le même nombre de choses voire beaucoup plus, deux résultats se produisent : le premier, que l'on a vu pendant le XXème siècle, est une explosion de la production, tirée par la consommation des masses. Le deuxième, que l'on voit maintenant apparaître quand la répartition des revenus et des richesses est déséquilibrée, est l'apparition de la surépargne et des bulles d'actifs énormes qu'elle crée.

Au-delà de la surépargne, un problème non résolu de l'économie est l'inactivité créée par l'augmentation des gains de productivité. Elle a été traitée historiquement par la retraite, l'allongement des études, le chômage, etc, mais la problématique structurelle n'a pas été considérée, comme si elle était incompréhensible dans l'état d'esprit capitaliste où le travail doit permettre à tous de s'en sortir individuellement. Mais dans une société où le travail devient rare car la productivité est élevée, le mythe s'effondre... Et implique une redistribution car personne n'est responsable ni ne mérite tout la productivité de l'avancée scientifique, qui permet de produire autant avec si peu de personnes. Le gros mot est lâché, redistribution, mais dans une société libérale, avec une économie de marché, et sans connotation politique, simplement une optimisation économique entre consommation et production.

samedi 12 juin 2010

Austérité 2 : la France

Après 80 milliards d'euros d'économies annoncées par l'Allemagne, la France pour ne pas être en reste a annoncé 100 milliards d'euros d'économies sur les 3 prochaines années. Il sera intéressant de voir le résultat de ce plan d'austérité sans précédent en France, et en particulier son impact sur la croissance du PIB en France. On peut s'attendre à ce que la réduction des dépenses publiques ne soit très compliquée en l'absence d'une croissance forte et que la tentative de réduction du déficit ne soit à l'origine même de la croissance atone des prochaines années...

Il est vrai que l'écart d'intérêt entre les dettes allemandes et françaises a atteint 0,5 % cette semaine, ce qui provoque quelques sueurs froides au gouvernement français. La peur d'être dégradé de AAA à AA+ vient s'y ajouter et oblige donc à communiquer sur la réduction du déficit public, aussi étrange économiquement que soit cette décision. En plus de menacer la reprise, ces annonces ont aussi pour mauvais effet de stabiliser l'euro et donc empêcher la poursuite de sa baisse, qui aurait pu amener l'inflation salvatrice pour l'économie européenne et en particulier la dette publique. L'austérité est donc justifiée à court terme pour réduire la pression des marchés, mais complètement erronée pour le problème dans son ensemble.

mardi 8 juin 2010

Austérité

Après l'annonce de l'Angleterre, voici l'Allemagne qui s'y met à son tour. Ne voyant pas la croissance venir aussi vite que la crainte des marchés sur la dette publique, les pays européens choisissent la plus mauvaise voie, celle de l'austérité. Si aucun soutien à la consommation n'est donné par les dépenses publiques, quel va être le moteur de la croissance ? Il semblerait qu'il n'y en ait aucun, puisque ce n'est pas en effrayant les individus qu'ils seront incités à moins épargner.

L'Europe est donc inéluctablement en train de s'enfoncer dans le krach, car les marchés savent bien que l'austérité n'est qu'une solution de court terme, ne permettant pas de sortir du problème de la dette publique, mais juste de le repousser un peu. Finalement, la meilleure solution serait de continuer à dépenser suffisamment pour que l'euro continue à diminuer, jusqu'à déclencher de l'inflation (en partant des matières premières). Seule l'inflation peut nous sauver du krach à venir, car elle seule pourra diminuer la valeur des dettes et surtout rééquilibrer épargne et consommation.

De façon étonnante, si le krach survient pour cause d'absence d'inflation, il déclenchera un épisode d'hyperinflation, car la BCE, par sa politique de quantitative easing massif pour sauver l'économie européenne, fera s'effondrer l'euro. Dans un moment tragique, la BCE verra sa politique anti-inflationniste stricte aboutir à l'opposé de ses buts, aboutir à son cauchemar, l'hyperinflation. L'extrémisme monétaire aura échoué, et il sera possible d'accepter qu'un peu d'inflation est bon pour l'économie.

dimanche 6 juin 2010

Les USA demandent aux autres pays développés de consommer

Dans une conférence du G20 hier, Geithner, le secrétaire d'Etat américain au Trésor a eu des mots pleins de bon sens : il faut que les pays majeurs de l'exportation, Japon, Allemagne et Chine mettent en oeuvre des plans d'augmentation de leur demande intérieure, car l'économie mondiale ne peut reposer seulement sur les consommateurs américains, surtout lorsque ceux-ci reconstituent une épargne qui avait pratiquement disparu de leurs pratiques économiques.

Ci-dessous se trouve le lien vers le New York Times :
http://www.nytimes.com/2010/06/06/world/asia/06summit.html?src=un&feedurl=http%3A%2F%2Fjson8.nytimes.com%2Fpages%2Fbusiness%2Fglobal%2Findex.jsonp
Autant l'Allemagne et la Chine peuvent facilement se permettre de le faire avec des dépenses publiques si besoin est, autant la situation du Japon est compliquée avec son endettement massif... Un changement de comportement individuel est difficile à décider, mais pourrait être aidé par une redistribution plus en faveur des populations pauvres, qui épargnent moins leurs faibles revenus.

Là encore, la surépargne pose problème pour la sortie de crise des subprimes, comme elle a contribué à la créer.

mercredi 2 juin 2010

Le problème de la zone euro, c'est l'Allemagne

Malgré ce que pensent les économistes sur les dérives des finances publiques des pays latins, le problème numéro 1 de la zone euro est l'Allemagne. Sa stratégie individualiste de croissance par les exportations sans consommation intérieure (avec un taux d'épargne de 17% !) est on ne peut plus néfaste pour ses partenaires commerciaux, pays de la zone euro en tête. Au lieu de fustiger la Grèce, si l'Allemagne avait consommé en produits grecs (vacances par exemple) ce que les Grecs lui achetaient, cela irait beaucoup mieux en Grèce. Mais l'Allemagne a décidé de jouer son propre jeu, ce qui va mener la zone euro au désastre, et donc elle avec.

Le libre échange, et plus particulièrement le commerce international, est fondé sur le postulat de la réciprocité des avantages : chaque pays se spécialise dans un type de production, celui où il est le meilleur (par exemple les grosse voitures pour l'Allemagne, les vacances pour la Grèce), ce qui fournit des avantages aux deux parties. La théorie est belle, mais la réalité l'est moins. Avec un taux d'épargne aussi colossal, l'Allemagne ne respecte par la réciprocité des avantages, et vend beaucoup plus qu'elle n'achète. Ne respectant pas le postulat implicite du commerce international, il serait logique que l'Union Européenne la rappelle à l'ordre, par la taxation des exportations allemandes si besoin est, afin qu'elle se décide à enfin consommer plus si elle veut exporter.

En effet, si l'Allemagne consommait plus (par une hausse de la redistribution ou une hausse des bas salaires), la croissance européenne serait beaucoup plus importante, amenant développement, désendettement et rééquilibrage de l'épargne au sein de la zone euro. En fait, le frein au rétablissement de la zone euro est la faiblesse de la consommation allemande, qui empêche une vraie croissance économique comme sont en train de la vivre les Etats-Unis. La stratégie économique allemande est non coopérative, mercantiliste et va donc amener la zone euro dans des turbulences majeures. Entendre dire par les dirigeants allemands aux autres pays qu'ils devraient faire comme l'Allemagne est donc une tragique erreur, qu'il ne faut pas absolument pas suivre.

lundi 31 mai 2010

La France confirme un déficit à 3% en 2013

On aimerait y croire... Malheureusement, une telle réduction du déficit public en si peu de temps est plus qu'improbable, surtout avec une croissance si faible du PIB en perspective. Mais le besoin de rassurer les marchés étant la première obligation du gouvernement français à l'heure actuelle, l'annonce était prévisible. Deux raisons expliquent mon pessimisme sur le sujet, la première étant bien sûr l'impossibilité de réduire rapidement un déficit public élevé sans créer un début de récession, ou au mieux une croissance atone. La deuxième raison est politique, avec l'arrivée d'élections présidentielles en 2012 qui n'augurent jamais d'une bonne gestion des finances publiques, le politique prenant alors le pas sur l'économique.

La seule solution entre l'inquiétude des marchés financiers et la perspective des élections est donc une voie médiane, sans réduction forte des déficits publics qui rendrait trop impopulaire le gouvernement en place et éteindrait la déjà faible croissance. Mais cette voie ne fera que repousser le problème de peu de temps. A quel moment les marchés se forgeront-ils la conviction que la dette publique est insoutenable et ne sera pas remboursée, voilà la bonne question... M. Barouin l'a dit, le maintien de la note AAA de la France est un objectif "tendu", adjectif qui relève de l'euphémisme dans ce cas. La première dégradation de la note de la France ou de l'Italie devrait avoir des conséquences très importantes sur la suite des événements.

samedi 29 mai 2010

Degradation de la note de l'Espagne et inflation

La séquence menant au krach de la dette publique continue en Europe. Hier, la note de l'Espagne a été dégradée de AAA à AA+ par l'agence de notation Fitch. Même si cette dégradation est faible, elle marque le démarrage d'une forte pression financière sur le gouvernement espagnol afin qu'il diminue ses dépenses. Il va donc lui falloir faire une cure d'austérité suffisante pour rassurer les marchés mais sans pour autant casser la croissance balbutiante. Autant dire que ce jeu d'équilibriste est presque sans issue.

Mais avec la chute continue de l'euro que devrait entraîner cette situation, peut-être que l'inflation sera finalement de retour, seule solution à cette impasse où l'Europe se dirige. Encore faudra-t-il que la BCE accepte cette inflation, au mépris de son objectif de stabilité des prix, mais dans l'optique claire de désamorcer le krach budgétaire à venir. Seulement les allemands ne semblent pas encore d'accord sur cette alternative pourtant unique au krach, l'inflation. Car l'inflation a des avantages, au-delà de la diminution de l'endettement passé, dont un en particulier est le rééquilibrage de la consommation et de l'épargne, en particulier quand l'économie est en situation de surépargne...

mardi 25 mai 2010

Hyperinflation : un consensus !!?

L'hyperinflation commence à être une solution évidente dans les médias et sur Internet. Une recherche rapide sur Google fait ressortir bon nombre d'articles qui mettent en garde contre l'hyperinflation, après les événements économiques récents. Même s'il est toujours agréable intellectuellement de voir son avis partagé, ce qui est beaucoup plus intéressant est une explication de ce qui a mené à cette crise. Et cette explication commence par le phénomène de surépargne.

Afin de résumer le contenu du livre Le krach de la dette publique (http://www.editionsducygne.com/editions-du-cygne-krach-dette-publique.html), le mieux est de commencer par cette idée de surépargne en disant que c'est elle qui est la cause des bulles d'endettement qui ont ou vont prochainement exploser (dette privée dans le cas des subprimes, dette publique dans le cas du krach à venir). La surépargne est définie comme l'épargne supérieure à celle macroéconomiquement nécessaire pour financer la croissance. Dans des économies à faible croissance comme celle de nos pays développés, la surépargne est donc très fréquente et a pour cause un problème de répartition des gains de productivité, à la fois à cause du capitalisme et des avancées de la science.

lundi 24 mai 2010

La rigueur : une erreur

Même Stiglitz le dit, la rigueur est une erreur. Irving Fisher l'a brillamment écrit, essayer de rembourser une dette en période de récession est presque impossible, en particulier quand la déflation menace. Habituellement, quand un pays se retrouve avec une dette publique très importante, il dévalue sa monnaie, ce qui contribue à relancer ses exportations, faire survenir l'inflation et finalement rééquilibrer ses comptes et rembourser sa dette (en papier monnaie dévalué il est vrai).

C'est ce qui devrait arriver à l'euro, de façon très bénéfique pour tous les non porteurs de dettes publiques européennes, dans les années à venir. Quand la peur de défaut de paiement aura submergé les pays latins majeurs (Espagne, France, Italie) en faisant exploser leurs taux d'intérêts, l'euro s'effondrera et la BCE n'aura plus qu'à accepter de financer et de récupérer les dettes publiques de tous les pays. Le krach de la dette publique surviendra donc, accompagné d'hyperinflation, alors qu'une inflation modeste aurait permis de régler le problème beaucoup plus simplement.

mardi 18 mai 2010

1ère aide grecque des autres pays européens

Aujourd'hui a eu lieu le versement de la première aide grecque par les autres pays européens. Autant cette aide est nécessaire, autant elle n'est que le début d'une longue série. En effet, en contraignant la Grèce à la rigueur, l'Allemagne a mis la Grèce sur le chemin de la récession, et donc du maintien de déficits abyssaux qu'il faudra bien financer pour éviter l'effondrement de l'euro.

Sans recours à la dévaluation pour importer de l'inflation et rendre un peu plus compétitive l'économie grecque, le gouvernement grec se trouve dans une impasse. Sa seule solution serait de taxer fortement les importations et relever les salaires afin de créer de l'inflation tout en maintenant la consommation qui rééquilibrera peut-être les comptes (si tant est que la BCE veuille bien ne pas toucher à ses taux d'intérêt quand l'inflation apparaîtra). Mais le mot inflation est encore tabou. Il ne le sera plus quand le Portugal, l'Espagne et l'Italie, suivis de peu par la France, se retrouveront dans la même situation que la Grèce. mais il sera sûrement déjà trop tard pour faire quoi que ce soit. Ne restera à la BCE qu'à avaler son chapeau, financer elle-même les dettes publiques, les banques et toute l'économie, et provoquer l'hyperinflation qui résoudra le problème de surépargne que son absolutisme anti-inflationniste a créé.

dimanche 16 mai 2010

Livre : le krach de la dette publique

Ce blog réouvre aujourd'hui, pour la publication du livre "Le krach de la dette publique - L'économie de surépargne", début juin 2010. Il essaiera de résumer les propos du livre et de mettre en avant l'actualité qui y aura trait, de près ou de loin.

Le propos majeur du livre est comme son titre l'indique le krach prochain de la dette publique. Il essaie de proposer une explication à ce krach, en repartant de la crise des subprimes comme la dernière étape avant le krach, et de trouver une solution pour empêcher qu'il ne se reproduise.

En particulier, la surpéargne issue du capitalisme sera pointée du doigt, amenant une réflexion à la fois sur la théorie économique dominante à l'heure actuelle, et sur le capitalisme. Bien sûr, quelques propositions seront faites pour corriger cette surépargne cause de l'endettement excessif responsable du krach.