samedi 30 avril 2011

Le capitalisme est un marxisme

En guise d'entracte au milieu de cette route vers le krach de la dette publique, un peu d'analyse économique iconoclaste peut faire du bien. Le texte ci-dessous a été publié dans son intégralité sur le Cercle des Echos.

Le capitalisme est un marxisme. Le marxisme peut être défini par son but, l’émancipation de l’homme du travail, la libération de l’exploitation de l’homme par l’homme. Le capitalisme, quant à lui, se donne pour objectif la rentabilité maximale du capital, ce qui se traduit par une baisse continue du facteur travail, jusqu’à 0, le capital récupérant alors 100 % de la valeur ajoutée. Le capital cherche dans le capitalisme une amélioration continue de son pourcentage par les gains de productivité, amenés par la science en particulier. Au final, l’objectif du capitalisme est de supprimer le travail, de le rendre le plus faible possible pour récupérer le maximum de la valeur, tandis que l’objectif du marxisme est de supprimer le travail pour libérer l’homme. Le capitalisme est donc un marxisme, par son désir de suppression du travail, suppression en cours par la science.

La science peut nous amener là où le marxisme et le capitalisme se rejoignent : un monde libéré du travail pour la grande majorité de la population. Une révolution dans les concepts, avec l’abandon de l’objectif du plein-emploi pour un objectif de minimum d’emploi, et dans la société, détournée de l’optique du travail vers une optique de liberté.

jeudi 28 avril 2011

Bernanke garde le cap

Bernanke a gardé le cap dans sa politique monétaire expansionniste hier soir, à cause de chiffres inquiétants pour la croissance américaine (1,8 % de croissance annuelle au 1er trimestre 2011). Malgré les critiques qui pleuvent sur cette décision qui maintient le dollar très bas, cette solution est la bonne. Bernanke fait le pari d'accepter un peu d'inflation et de relancer la croissance plutôt que d'endiguer l'inflation en tuant dans le même temps la reprise économique. Puisqu'aucune autre voie n'est possible pour sortir les Etats-Unis de l'impasse d'endettement public où ils se trouvent, Bernanke en accepte les conséquences, une légère inflation qui aidera d'ailleurs à résorber la dette publique.

Il y a là un véritable cas d'école, avec d'un côté la BCE et M. Trichet, qui remontent les taux d'intérêt pour contrer l'inflation et enfoncent les pays européens endettés (la Grèce dépasse les 20 % de taux d'intérêt à 2 ans, la restructuration de sa dette publique approche tandis que le Portugal se débat encore un peu avant l'austérité imposée par le FMI et l'UE), et de l'autre côté la Fed et M. Bernanke, avec sa politique de quantitative easing prolongée. Je choisis la Fed contre la BCE, le dollar faible contre l'euro fort. Reste à voir si les événements futurs vont venir confirmer ce vote de confiance.

mardi 19 avril 2011

S&P réveille les marchés sur la dette américaine

Pour une fois que l'Europe n'est pas à la une des quotidiens économiques sur les problèmes de dette publique, il faut s'en réjouir. Et remercier S&P, qui a rappelé l'état déplorable des finances publiques américaines en plaçant la dette américaine sous surveillance négative. Résultat, l'or est au plus haut, et les démocrates et républicains sous pression pour redresser la barre rapidement.

Mais les américains ont une force que n'a pas l'Europe, leur banque centrale. La Fed monétise la dette américaine en masse, laissant le dollar se déprécier, et l'inflation s'installer. Pragmatique, Bernanke, le patron de la Fed, sait bien que la croissance est la seule solution pour sortir de l'entonnoir dette/récession où les USA se trouvent, et tant pis si cela doit s'accompagner d'un peu d'inflation, elle n'en rendra que plus facile le remboursement de la dette publique.

Il serait judicieux d'élire Bernanke aussi à la tête de la BCE, pour qu'il applique la même formule, à savoir un laissez-faire sur l'inflation et une dévaluation monétaire qui permettent à la croissance de repartir significativement. Attendons le tour de l'Espagne pour voir si la BCE continue ses opérations de monétisation de la dette publique européenne, ce qui contrebalancera la position inflexible sur l'inflation, illustrée par une hausse des taux d'intérêts récente.

vendredi 15 avril 2011

Hausse du SMIC, de l'or, de l'euro et même de l'austérité

Le SMIC devrait suivre l'inflation prochainement, avec une hausse de 2% prévue. Une tendance pour l'inflation de second tour ? Pas encore, mais les négociations des salaires des fonctionnaires devraient donner une indication plus nette par la suite. L'or continue également à monter, pour se protéger de l'inflation, et est aussi porté par le cours de l'euro qui n'arrête pas de grimper. A 1,45 $, le cours de l'euro est un fardeau insupportable pour toutes les économies européennes endettées. Il faut dire que le dollar n'est vraiment pas en forme, vu la monétisation continuelle de la dette américaine, qui se poursuivra encore quelque temps à en croire la faible croissance de l'économie américaine. Seul avantage d'un euro fort, la hausse des matières premières est compensée par la baisse du dollar, ce qui permet d'éviter une inflation plus sérieuse entraînant une réaction brutale de la BCE. Alors que ce qu'il faut le plus à l'Europe est une inflation soutenue pendant quelques années, et une BCE qui l'accepte. On peut rêver parfois...

L'austérité aussi a le vent en poupe, avec la Grèce qui en rajoute pour 23 milliards d'euros, alors que le pays est en récession et que le chômage explose. Il faut dire que les rumeurs de restructuration de la dette, joli mot pour dire aux investisseurs d'accepter les pertes, sont à leur comble, mettant le système bancaire allemand sous forte pression. Un joli effet domino se prépare si la restructuration arrive, mais la BCE, qui ne peut pas laisser tomber les banques allemandes, rachètera alors toutes leurs dettes grecques, les monétisant par le même coup. Espérons que cette monétisation qui amènera une baisse de l'euro sera acceptée, même si elle est créatrice d'inflation.

vendredi 8 avril 2011

Trichet ne triche pas

Il est venu, il a vu, il a vaincu... l'économie européenne. Hier, la BCE a donc relevé son taux d'intérêt directeur de 1% à 1,25%, comme elle l'avait annoncé. Plus que la remontée, faible, du taux d'intérêt, c'est le message qui est inquiétant : M. Trichet enfoncera l'Europe dans la stagnation économique, ou au mieux, une croissance molle, plutôt que de laisser l'inflation s'installer. Autant dire que l'Europe file tout droit dans le mur, certains analystes s'attendant à une remontée des taux jusqu'à 2 % fin 2011 au vu des anticipations d'inflation.

Autant cette décision peut sembler courageuse quand on évoque le souvenir pas si lointain d'un Greenspan laissant une bulle de crédit immobilier gigantesque se développer aux USA grâce à des taux d'intérêts historiquement bas, autant ici le remède est pire que la maladie. La situation actuelle est très différente, car la bulle d'endettement est déjà présente, et il s'agit de la plus grosse bulle possible, celle de la dette publique. Au lieu d'accepter l'inflation salutaire, la BCE la refuse donc, mettant sous pression la croissance économique des pays latins européens, eux qui auraient bien besoin d'inflation pour soulager leurs finances publiques. Mais non, l'Allemagne a raison, sus à l'inflation !

Le Portugal, quant à lui, a donc cédé à la pression des marchés, et demande de l'aide à l'Union Européenne. La question est donc maintenant la suivante : quand l'Espagne va-t-elle devoir s'y résoudre à son tour ? Fin 2011, début 2012 ? Le suspense est à son comble. Mais peut-être un outsider pourrait-il lui souffler la vedette, en la personne de l'Italie... Avec une dette publique de 120 % du PIB, un déficit public de 4,6 % en 2010, et une croissance aux alentours de 1%/an, il semble qu'elle a tous les atouts pour attirer les projecteurs sur sa situation très tendue. En attendant la France, qui en cette période préélectorale présidentielle, devrait réussir en 2011 un élégant dérapage dans la réduction du déficit public.

Bref, jusqu'ici, tout va bien.