dimanche 14 novembre 2010

Productivité et Redistribution

Dans le capitalisme, un des effets constants des gains de productivité que la science permet est une mauvaise distribution des revenus et des richesses.

Le terme 'mauvaise distribution' fait ici référence non pas à une notion de justice définissant une bonne distribution, mais plutôt à un optimum économique. Cet optimum économique survient lorsque la consommation et l'épargne sont suffisantes pour entraîner la croissance économique durablement au lieu de la réfréner en créant des bulles et des krachs (par un excès d'épargne en général). Dès que l'économie s'éloigne un peu trop de cet optimum, elle commence à dérailler, si bien qu'atteindre une bonne distribution, qui maintienne cet optimum est un vrai objectif économique.

Le capitalisme entretient un culte de l'individu où les gains de productivité que la science permet sont au bénéfice des producteurs, des actionnaires en particulier, puisque ce sont eux qui les font survenir. Même si cette idée est en partie vraie, l'Etat y contribue grandement par le financement de la science fondamentale, indispensable mais infinançable par la sphère privée car bien trop aléatoire dans ses résultats. De plus, malgré ce que dit l'idéologie utopique du marché, celui-ci ne peut rééquilibrer dans la réalité par la concurrence les positions dominantes prises par les producteurs. Par exemple, le marché du travail est loin de l'idéal de concurrence parfaite qui ferait du marché un outil de distribution optimum des revenus. Le chômage, induit par la productivité élevée des économies modernes aussi bien qu'une croissance économique sous-optimale, en est un exemple flagrant.

Ainsi, si le capitalisme n'arrive pas à répartir convenablement les revenus pour entretenir la croissance, apparaît une raison économique d'agir sur la distribution des revenus : répartir les gains de productivité afin de ne pas dériver trop loin de l'optimum économique. La redistribution n'est plus ancrée dans des visions politiques controversées, mais plus fondamentalement économiques. Il est possible de défendre une redistribution par l'Etat afin d'entretenir la croissance, de ne pas laisser libre cours à la surépargne, et ainsi contrecarrer les tendances profondes du capitalisme.

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