mercredi 22 juillet 2009

Choix entre croissance et inflation

Les banques centrales essaient de concilier croissance de la production et maîtrise de l'inflation. La question majeure est donc ce lien entre croissance et inflation. Etudions donc la relation entre ces deux objets :

0 - 0 : pas de croissance et pas d'inflation
0 - 1 : pas de croissance et inflation
1 - 0 : croissance et pas d'inflation (objectif des banques centrales)
1 - 1 : croissance et inflation

Bien sûr, récession et déflation sont intégrées, comme des formes extrêmes de 0 (pas de croissance) et 0 (pas d'inflation). Il est plutôt clair que 0 - 0 et 0 - 1 sont possibles, mais ce qui nous intéresse est plutôt le lien 1 - 0 et 1 - 1. Est-ce qu'une croissance à long terme peut être viable sans inflation ? Nous avons vu récemment des périodes de croissance sans inflation visible, hélas marqués par une inflation monétaire dissimulée sous forme de dettes, qui provoquaient un krach une fois mises à jour. C'est ce qui s'est passé avec la crise des subprimes, crise somme toute bénigne, et qui se passera avec la prochaine, la crise de la dette publique. La question posée par cette augmentation continue de la dette, qu'elle soit publique ou privée, est celle de la nécessité de l'inflation pour permettre une croissance significative à long terme.

Pourquoi donc l'inflation serait-elle nécessaire à la croissance ? Le lien entre inflation et croissance existe-t-il ? Si ce lien n'existe pas, alors la stratégie des banques centrales - la variation du taux d'intérêt directeur - est la bonne, puisqu'elle permet de relancer la croissance quand celle-ci diminue, et de diminuer l'inflation quand celle-ci augmente. Si un lien existe, par contre, alors leur stratégie est à revoir significativement. Intéressons-nous donc à la stratégie des banques centrales, la variation du taux d'intérêt.

A bientôt,

dimanche 19 juillet 2009

Bonne ou mauvaise inflation

Nous entrons maintenant dans une analyse de la normativité de l'inflation, qui qualifie alternativement l'inflation de 'bonne' ou de 'mauvaise' selon les référentiels considérés. Depuis longtemps, les économistes considèrent l'inflation négativement, et s'accordent pour la combattre vigoureusement. Le seul moment économique où elle devient acceptable est en période de crise économique, où elle est perçue comme un moindre mal que la baisse de la production. Habituellement pourtant, entre inflation et production, le choix se porte plutôt vers l'inflation, avec des hausses de taux d'intérêt directeurs dans le but de la contenir.

Les économistes semblent donc travailler, de façon consciente, avec deux référentiels normatifs distincts, le premier où le 'bon' est la croissance de la production, le 'mauvais' la baisse de la production, et le deuxième où le 'bon' est la maîtrise des prix, le 'mauvais' l'inflation. La préférence donnée à l'un ou l'autre référentiel explique presque tous les choix économiques majeurs des banques centrales. Néanmoins, en général, l'un et l'autre sont mélangés, selon le mot d'ordre suivant : croissance de la production avec stabilité des prix.

Malheureusement, l'un et l'autre se révèlent relativement antinomiques, comme nous le verrons par la suite. Il faut donc sacrifier en partie l'un à l'autre, croissance de la production ou stabilité des prix. En cherchant à concilier les deux, il faut soit sacrifier une partie de croissance possible de la production, soit accepter un peu plus d'inflation. Historiquement, les presque quarante dernières années ont été marquées par le premier choix : une maîtrise de l'inflation au prix d'une faible croissance. Pourtant, les Trente Glorieuses furent celles du choix inverse, la croissance au prix de l'inflation, avec un succès économique certain... Nous reviendrons sur ce revirement de choix économique.

L'inflation peut donc selon les référentiels être considérée normativement comme mauvaise, ou moins mauvaise. Elle sera presque toujours combattue, ou au mieux tolérée mais seulement en temps de crise économique majeure. La distinction entre inflation de production ou monétaire aura là toute son importance pour analyser un peu plus profondément cette idée de normativité de l'inflation, et comprendre comment elle peut être utile. Mais ce sera pour la prochaine fois...

A bientôt,

vendredi 10 juillet 2009

Origines de l inflation

Si l'inflation peut avoir deux origines distinctes, un excès de monnaie ou une tension de production, il n'est pas possible de traiter l'inflation de façon globale, sans distinguer entre ses origines. Il faut donc en premier lieu déterminer si l'inflation qui commence est une inflation de production (issue de tensions de production) ou une inflation monétaire (un excès de monnaie). En l'espèce l'inflation issue des chocs pétroliers était une inflation de production, tandis que l'inflation de pays en banqueroute (Russie, Argentine) était une inflation monétaire.

En termes de science économique, la première révolution conceptuelle à mener est donc de sortir du simplisme causal de l'inflation : une seule cause n'amène pas une seule conséquence. Deux causes différentes aboutissent à une même conséquence, un même résultat, l'inflation. Il est donc impératif de distinguer inflation de production et inflation monétaire, afin de les traiter comme il se doit.

Mais ces deux inflations peuvent se confondre, et être confondues. Par exemple, pour maintenir le volume de production après un choc ou des tensions de production, le recours à un accroissement de la masse monétaire sera souvent nécessaire, entraînant donc une inflation monétaire à la suite d'une inflation de production. L'une et l'autre peuvent donc être fortement liées. A bientôt,

lundi 6 juillet 2009

Inflation

L'inflation se crée donc de deux façons distinctes, pour les monétaristes par la monnaie (en excès) et pour les productivistes par la production. Se retrouvent ici les deux côtés du prix, entre monnaie et produit. Un prix se définit par une proportion entre une quantité d'argent et une quantité de produit. Selon le côté où l'on regarde, l'inflation peut se caractériser par un excès d'argent ou par une rareté du produit. Chaque côté a raison, et pourtant chaque côté implique des décisions économiques opposées.

Mais si l'on considère l'inflation d'un point de vue neutre, sans considérer qu'elle soit un bien ou un mal, apparaît comme une incohérence : si l'inflation représente l'adaptation naturelle des facteurs de production à court terme, que doit-il se passer à long terme ? Soit la masse monétaire augmente, soutenant le volume de production et donc l'inflation, soit la masse monétaire reste stable, diminuant le volume de production et donc l'inflation. Entre maintien du PIB et lutte contre l'inflation, une impossibilité apparaît : accepter que le maintien du PIB soit l'objectif numéro revient à accepter l'inflation. Mais cela est-il vrai pour la croissance du PIB, hors chocs de production ?

A bientôt...

dimanche 5 juillet 2009

Les 2 camps en économie

Les économistes peuvent être grossièrement classés en deux camps, les monétaristes et les productivistes.

Les monétaristes, comme leur nom l'indique, donnent une position majeure à la monnaie, puisqu'elle est selon eux seule responsable de l'inflation à long terme. Ils désirent donc le maintien d'une masse monétaire stable. Dans leur lutte contre l'inflation - lutte légèrement pathologique - la monnaie est donc l'outil principal. En conservant un niveau stable de monnaie, aucune inflation ne doit apparaître, sauf une inflation transitoire. Avec une masse monétaire stable, si une inflation se déclenchait, elle serait compensée par une baisse de volume échangé, transitoire elle aussi (quoiqu'on puisse se demander quelle est l'unité de temps de ladite 'transition'). Après la période de transition, les prix baissent et les volumes remontent, ce qui aboutit à un retour aux prix initiaux et aux volumes initiaux.

Les productivistes sont eux intéressés à l'économie de production, contrairement à l'économie d'échange des monétaristes. Ils étudient plus particulièrement les capacités de production d'une économie et considèrent l'inflation comme la conséquence de chocs de production, à court terme comme à long terme. Dans cette optique, l'histoire leur donne relativement raison, avec les chocs pétroliers par exemple. L'augmentation soudaine et violente du prix de la principale source d'énergie, le pétrole, a entraîné une inflation nécessaire pour que les entreprises restent bénéficiaires, entraînant ensuite les salaires et enclenchant une spirale inflationniste.

La réponse des monétaristes à ces chocs pétroliers aurait été de conserver une masse monétaire stable, avec pour résultat de comprimer les salaires et ainsi la demande, ce qui aurait créé une crise économique majeure, mais aurait ensuite évité la spirale inflationniste. Heureusement la pression politique était trop forte, si bien qu'ils n'ont pas été suivis, mais la politique économique qui allait suivre serait celle de la lutte contre l'inflation, politique relativement étonnante après 30 années de croissance forte et d'inflation élevée. Pourquoi donc changer ainsi une politique économique performante ?

A bientôt...