samedi 27 août 2011

Dégradation japonaise, austérité à la française, attente américaine

Les événements macroéconomiques de la semaine illustrent très bien la continuité du développement de la crise de la dette publique. Dégradation de la dette publique (la dette publique japonaise a été dégradée d'un nouveau cran par Moody's du fait d'une dette publique de plus de 200% du PIB), austérité (la France a annoncé 11 milliards d'euros de hausse d'impôts pour diminuer le déficit) amenant une croissance anémique quand ce n'est pas une récession comme en Grèce, et attente (la Fed a décidé de ne pas prendre de nouvelles mesures exceptionnelles de soutien à l'économie avant la rentrée, malgré une économie à l'arrêt).

Les prochaines étapes devraient rester dans la même continuité, avec une pression accrue des marchés sur les pays européens en difficulté pour qu'ils continuent à réduire leur déficit public, et donc continuent une politique d'austérité inefficace. Tout cela en attendant une dévaluation de l'euro et une inflation qui résoudraient le problème directement. Malheureusement, la BCE, même si elle a arrêté la hausse de ses taux d'intérêt, ne semble toujours pas prête à accepter l'inflation par une dévaluation qui soulagerait plus que fortement les pays latins en proie à l'austérité et au surendettement.

samedi 20 août 2011

Récession : le mot est lâché

Après une croissance européenne et américaine anémique au deuxième trimestre, le mot récession commence à courir sur toutes les lèvres qui parlent d'économie des pays développés. L'or bat des records, ce qui est plus que normal vu l'état des bourses et le peu de confiance en l'euro ou le dollar, tandis que l'inflation faiblit doucement, mauvais signe par excellence.

Le problème n'est pas tant la croissance faible que l'endettement insupportable des plus grandes zones de consommation mondiales, Etats-Unis et Europe. Si les mesures d'austérité annoncées se concrétisent, alors l'économie mondiale entière se grippera, plus personne ne consommant suffisamment pour faire tourner la machine. Et l'économie de surépargne aboutira à un krach économique après celui financier que nous voyons survenir. Il faut plus que jamais engendrer une inflation salvatrice pour effacer sans trop de douleur les dettes et rééquilibrer les budgets structurellement déficitaires des Etats qui essaient vainement de compenser un déficit de consommation par la réintroduction de l'épargne privée dans la consommation, sous la forme de dettes publiques.

Pendant ce temps, la Finlande fait cavalier seul en demandant des garanties à la Grèce, ce qui revient à dire qu'elle ne veut pas assumer sa participation au plan de sauvetage de la Grèce, qui nous gratifie d'une récession musclée de plus de 4%... De quoi enfoncer encore plus la Grèce dans la spirale infernale de l'endettement. Les 200% de ratio dette/PIB ne sont plus très loin. Vivement la dévaluation de l'euro.

lundi 8 août 2011

100ème message : le krach est là

Un 4ème message en moins d'une semaine, il faut que la situation soit exceptionnelle. Et elle l'est, puisque le krach de la dette publique a commencé, aux USA comme en Europe. Pour le 100ème message de ce blog, la conjonction est étonnante !

Les bourses mondiales continuent leur descente ininterrompue, sur fond de crise de la dette publique, en Europe malgré l'intervention de la BCE et les annonces d'austérité, et aux Etats-Unis malgré l'accord sur le plafond de la dette. Pourtant, les bonnes nouvelles de résolution passagère du problème de la dette n'ont fait que confirmer qu'il y avait un gros problème, à la fois au niveau du système économique de soutien de la consommation et au niveau du système bancaire mondial. Car si les dettes publiques deviennent des actifs à risque, c'est à la fois l'austérité imposée des Etats et l'explosion du système bancaire qui créeront une récession majeure, et précipiteront la fin d'un système basé sur un déséquilibre majeur entre épargne et consommation créateur de bulles d'endettement insoutenables.

L'autre solution, soutenue depuis le début dans ce blog, est bien sûr le recours à l'inflation. L'inflation permettrait aux banques d'éviter une explosion de leurs provisions et pertes, tout en augmentant mécaniquement les revenus des Etats, dégonflant l'endettement sans récession majeure. Cerise sur le gâteau, une inflation soutenue pendant quelques années permettrait un rééquilibre entre consommation et épargne, une dévaluation des monnaies majeures (dollar et euro), et enfin une redirection de l'épargne vers les actifs les plus productifs, les fonds propres des entreprises.

Il est donc nécessaire de soutenir la BCE dans sa politique de monétisation de la dette publique, si possible revendiquée, pour en finir avec 10 ans de politique monétaire à l'allemande, et commencer 10 ans de politique monétaire latine. Donnant-donnant, comme on dit : l'Allemagne a réussi à sortir de sa morosité grâce à la BCE entre 2001 et 2011, c'est maintenant au tour des pays latins d'être aidés, à leur tour, par la BCE.

dimanche 7 août 2011

La note AAA des USA dégradée par S&P

C'est l'annonce du week end, la dégradation d'un cran de la note AAA des USA par S&P, à AA+. L'événement est repris mondialement, car c'est une première, qui risque de mettre tous les autres pays sous pression pour conserver leurs notes actuelles. On peut déjà s'attendre à ce que nos quatre coureurs européens du peloton de tête (Portugal Irlande Espagne Italie) soient dégradés dans les prochains mois, au vu de la croissance quasi-nulle ou pire de leur récession en cours sur fond d'austérité, et de comptes publics toujours dans le rouge vif. La Grèce est bien sûr hors-jeu puisqu'elle a déjà touché le fond, mais continuera à s'enfoncer tranquillement en attendant que les autres la rejoignent, pour enfin faire s'enfoncer l'euro et apporter un peu d'inflation salutaire...

La pire des solutions est en fait celle qui a été poursuivie depuis le début par les pays européens, et la BCE, c'est-à-dire une tentative de correction des économies latines sans correction de la monnaie. La dévaluation, outil de correction globale de l'endettement, et moyen fiscal indirect très puissant, est la seule arme utile dans ce cas de figure, message que la BCE commence semble-t-il à accepter, avec des rachats de dette publique qui reprennent, et vont même aller en augmentant avec l'Italie et l'Espagne qui sont attaquées.

Bref, l'euro va peut-être enfin redevenir une monnaie standard, c'est-à-dire reliée aux fondamentaux économiques de sa zone, zone fortement endettée et qui a besoin d'avoir une monnaie faible pour retrouver de la compétitivité. Enfin le grand rééquilibrage monétaire mondial va pouvoir avoir lieu, avec des pays en voie de développement qui vont découvrir le pouvoir d'achat de leur peuple et se recentrer sur leur marché intérieur, tandis que les pays développés découvriront qu'ils ne sont plus si riches que cela, une bonne nouvelle en soi.

jeudi 4 août 2011

La BCE intervient sur les marchés

Le message précédent était peut-être prémonitoire... Toujours est-il que la BCE est intervenue aujourd'hui pour acheter de la dette publique européenne, mais aussi pour fournir des liquidités aux banques qui en ont besoin. En gardant son taux d'intérêt directeur à 1,5 %, elle a de plus montré qu'elle intégrait le ralentissement de l'économie et n'avait donc plus besoin de remonter son taux à court terme.

M. Trichet a donc enfin réagi à la crise qui prend forme, en particulier ces derniers jours avec l'incorporation de l'Espagne et de l'Italie dans la tourmente de financement. Mais étrangement, malgré les craintes sur la dette publique européenne, l'euro ne dévisse pas, restant collé autour de 1,40 $. Il est vrai que le dollar s'enfonce lui aussi, relativement aux autres monnaies et à l'or (1700 dollars l'once tout de même). Il va donc être nécessaire d'attendre encore un peu l'approfondissement de la crise de la dette publique, pour qu'enfin l'euro baisse, ou plutôt s'effondre si cela continue, et voir une forte inflation effacer l'endettement. Peut-être que cela viendra le jour où la France sera attaquée elle aussi...

mercredi 3 août 2011

Mais que fait la BCE ?

Toute à sa mission de protection contre l'inflation, la BCE brille par son absence et son mutisme en ces temps de quasi-panique boursière, entretenue par les problèmes de dette publique européenne et les craintes sur l'économie américaine. Alors que l'Italie et l'Espagne empruntent à plus de 6 % à 10 ans, que la Grèce a été sauvée de justesse et que le Portugal et l'Irlande risquent de resolliciter une aide européenne, le plus simple pour la BCE serait de déclarer sa volonté de soutenir tous les pays européens fortement endettés, au lieu de les laisser s'enfoncer. Car plus la BCE attend, plus les dégâts seront importants.

Mais au lieu d'aider les plus faibles, la BCE s'intéresse aux plus forts. Au lieu d'accepter que l'euro descende pour renforcer la compétitivité des pays et importer une légère inflation salutaire pour les dettes publiques, elle a remonté ses taux d'intérêts pour éviter justement l'inflation, et continue à ne pas vouloir intervenir directement pour acheter de la dette publique, comme la Fed le fait aux Etats-Unis quand il le faut. Cette politique anti-inflationniste stricte est absurde, puisqu'elle ne fait que reculer un effondrement inéluctable de l'euro, et donc une inflation qui sera d'autant plus forte que le temps passera. Elle conduit les Etats européens vers la récession puis l'hyperflation, alors qu'elle pourrait par ses déclarations ramener l'euro vers des niveaux bien plus supportables.

Peut-être M. Trichet est-il trop occupé à faire ses bagages pour s'en inquiéter, peut-être ne veut-il pas être celui qui aura accepté la monétisation de la dette publique européenne, mais en tout cas son successeur devra être plus pragmatique qu'il ne l'a été s'il veut désamorcer la bombe de la dette publique qui s'approche. Pour l'instant la France n'est pas attaquée, mais son tour viendra aussi, quand les objectifs de croissance comme de déficit publics ne seront pas atteints. L'année 2012 devrait être particulièrement intéressante à cet égard, au-delà de l'élection présidentielle, sur le développement attendu (ou plutôt redouté) de la dette publique.

Finalement, la seule bonne nouvelle de l'été est que la Grèce est sauvée provisoirement et dans la douleur, avec de ridicules contorsions politiques, permettant de se concentrer sur les pays suivants dans la liste. La prochaine étape devrait donc être un FESF aux moyens largement augmentés, ou bien la création d'obligations européennes, deux idées qui ne feront que gagner du temps dans la gestion du krach de la dette publique. Car le problème reste encore et toujours une épargne privée excessive qui plombe la consommation, problème qui serait avantageusement diminué par une inflation modérée... L'équilibre épargne/consommation, fondement de l'économie, doit enfin revenir à sa vraie place, la première.