vendredi 27 août 2010

Irlande : la dégradation continue

Après une nouvelle dégradation de la note de l'Irlande (de AA à AA- avec surveillance négative), à cause de ces déficits toujours excessifs, les marchés financiers reprennent peur au sujet des pays européens, et en particulier de la croissance faible qui leur laisse peu de marge de manoeuvre pour réduire leurs déficits. La BCE doit aussi s'inquiéter et se préparer à réactiver son programme de rachats d'urgence de dettes souveraines, comme elle l'avait fait avec la Grèce. Le danger semble encore lointain, mais il approche aussi vite que les craintes des marchés financiers. Paradoxalement, les craintes sur la croissance mondiale permettent aux Etats d'emprunter à des taux historiquement bas, leur enlevant de la pression, en particulier les Etats-Unis et l'Allemagne.

Une anecdote plus drôle, la sortie d'un film intitulé comme ce blog, Krach, est prévue pour le 1er septembre prochain.
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=109083.html
Espérons qu'il ne s'agira pas d'un krach de la dette publique, car il pourrait bien être prophétique dans ce cas-là.

lundi 23 août 2010

Moody's : 2ème mi-temps

Après avoir asséné un avertissement aux grands pays européens (et aux Etats-Unis) sur leur note AAA, Moody's fait maintenant l'exercice inverse et déconseille la rigueur qui pourrait empêcher le retour de la croissance en Europe. Le message est clair, même s'il peut paraître schizophrène : "Arrêtez de dépenser sans compter, mais n'arrêtez pas de dépenser non plus". La ligne médiane entre ces deux positions est difficile à trouver, car trop peu de réduction de déficit sera mal perçu par les marchés, et pourrait accroître la pression sur les taux d'intérêt, et trop de rigueur fera peur sur les capacités de croissance future, et pourrait accroître la pression sur les taux d'intérêt. Bref, quoi qu'il se passe, le résultat est le même. Seule une croissance importante sans rigueur pourrait sortir l'Europe de cette impasse, mais celle-ci semble difficile à trouver, hors l'Allemagne qui profite à plein de la croissance mondiale, et asiatique en particulier.

Le mouvement salvateur en Europe serait naturellement une dévaluation de l'euro qui importerait de l'inflation et permettrait de régler à la fois le problème de compétitivité et de dette publique, mais la BCE ne semble pas encore prête à sacrifier l'euro sur l'autel du sauvetage de l'économie européenne. Mais le moment approche où, à force de reculer, il faut sauter, et plus tard sera le moment, plus dures seront les conséquences.

mercredi 18 août 2010

Moody's prépare le terrain

Moody's est en train de préparer le marché financier à la dégradation des notes de pays européens majeurs, comme la France. Son annonce hier est donc le début d'un processus qu'elle voudrait sûrement rendre graduel, afin de ne pas effrayer subitement les investisseurs et provoquer un mini krach boursier. Ce sont de sages précautions mais la réalité de la bourse devrait être comme d'habitude une amplification irréaliste des baisses et des hausses en fonction de la confiance des acteurs. Les premières dégradations de notes AAA devraient donc être suivies de très près afin d'y déceler les premiers signes de panique.

De l'autre côté du monde, la Chine a finalement atteint le statut de 2ème puissance économique mondiale au 2ème trimestre 2010, devant le Japon. Il est vrai qu'il reste beaucoup de chemin à faire avant d'atteindre un PIB par habitant proche de ceux des pays développés, mais la croissance toujours énorme de la production devrait permettre d'atteindre assez rapidement un niveau de vie significatif pour la majorité de la population. On comprend donc l'intérêt des entreprises à y être présentes. Le lobbying pour y arriver est donc un facteur important dans les décisions politiques internationales, qui expliquerait peut-être le maintien d'un yuan aussi sous-évalué depuis si longtemps, sans sanctions économiques.

vendredi 13 août 2010

Prévisions de croissance en baisse et monétisation de la dette publique

Hier, la Fed a donné une leçon d'économie anti-déflationniste au monde entier. En gardant son taux d'intérêt directeur au plus bas, en annonçant qu'elle allait continuer à monétiser la dette publique américaine afin que l'Etat américain puisse encore dépenser sans y regarder de trop près, elle a clairement indiqué que la déflation était son principal ennemi, bien plus que l'inflation.

Il est vrai que la faiblesse de la croissance réelle de l'économie américaine (on parle de 1,5 % en enlevant les effets stocks) est de mauvais augure pour l'arrêt du déficit public américain et encore plus pour le remboursement de la dette publique. La solution est donc celle, pragmatique, de la Fed : elle est prête à envoyer le dollar à la cave, à accepter l'inflation, pour éviter la déflation. Sage décision pour une économie dont le déficit commercial mensuel est revenu à son plus haut, 50 milliards de dollars, dont une bonne moitié provient des échanges avec la Chine, bien aidée par un taux de change quasi-fixe qui sous-évalue considérablement le yuan.

De là à dire que la stratégie à long terme de la Chine est d'imposer le yuan comme monnaie internationale, il y a un pas que je ne franchirai pour le moment pas. Mais le mouvement semble inéluctable... Pour sauver l'économie américaine, la Fed dévaluera le dollar de façon importante, l'euro est en sursis de dégringolade, issue des déficits publics colossaux de ses pays membres, le yen n'est plus crédible vu la dette publique japonaise. Il reste donc le yuan, qui pourrait à la faveur de la chute de l'euro et du dollar devenir la nouvelle monnaie de référence internationale. Si la Chine arrive à enclencher une forte croissance de sa consommation intérieure et ainsi devenir beaucoup moins dépendante des exportations, elle aura tout intérêt à faire ce mouvement afin de financer son expansion par le yuan. Le yuan sera-t-il la monnaie du XXIème siècle ?

samedi 7 août 2010

Le Fonds européen de stabilité financière (FESF)

Le Fonds européen de stabilité financière (FESF) est lancé aujourd'hui, et dispose de 440 milliards d'euros pour venir en aide aux pays européens dans le besoin. Cette solidarité européenne autour de la dette publique est une bonne nouvelle pour les pays endettés, heureux de pouvoir se reposer sur l'Allemagne pour financer leurs énormes dettes. Les autres pays contributeurs ne font en réalité que transférer une partie de leur dette publique vers le fonds, comme le Portugal, l'Espagne, l'Italie ou la France.

Prenons l'exemple de la France pour illustrer le propos : la France contribuera dans le FESF si le besoin d'un pays endetté s'en fait sentir, mais le FESF interviendra aussi pour acheter la dette publique française à un niveau bien supérieur à cette contribution initiale. Je te prête 1000 euros, et tu m'en prêtes 5000 en retour... A ce jeu-là, l'engagement des pays latins est relativement facile à obtenir, au contraire de l'Allemagne, et on comprend vite pourquoi. Mais saluons néanmoins cet effort, qui entraînera donc aussi l'Allemagne dans les problèmes de dette européenne, alors qu'elle aurait pu profiter de l'effondrement de l'euro pour doper ses exportations sans avoir de restructuration de sa dette souveraine à effectuer.

L'autre nouvelle récente est le satisfecit du FMI sur la Grèce : une récession de 4% cette année en Grèce semble être source de grand plaisir pour le FMI. Cela paraît bien étrange mais il est vrai que l'inflation à 5% dans le pays est une bonne nouvelle pour le remboursement de la dette grecque (ce qui valide empiriquement la possibilité du couple récession/inflation). Ce qui est incompréhensible ici est l'échelle de temps : comment un pays en récession sévère peut-il rembourser sa dette publique ? Le FMI pense que le retour à la croissance pour la Grèce se fera à l'horizon 2012, mais quid du retour à l'équilibre budgétaire ? Avec quelque chose comme 150 % de dette publique en 2012, comment la Grèce pourrait-elle jamais rembourser cette dette colossale, si ce n'est par l'inflation ? Le FMI doit avoir la réponse...