lundi 31 janvier 2011

Inflation : confirmation

Les chiffres sont tombés aujourd'hui : l'inflation continue en Europe, avec un mois de janvier à 2,4%, après 2,2% en décembre dernier. Rien de bien inquiétant jusque-là, mais comme la limite haute de la BCE est à 2%, M. Trichet commence à s'agiter, en sortant la menace de la hausse des taux d'intérêt. Ce serait évidemment la pire des erreurs, mais l'orthodoxie allemande risque bien de l'emporter, et de précipiter la crise de la dette publique en Europe.

Et pourquoi donc une inflation modérée 2 à 4% ne serait-elle pas tout à fait acceptable pour l'Europe ? Seul M. Trichet le sait, lui qui risque de commencer à remonter ses taux d'intérêt alors même que la croissance européenne n'est pas totalement repartie. Enfin, il pourra probablement inaugurer un système nouveau dans quelques années, celle de l'arme des taux d'intérêt annulée par la monétisation de la dette publique européenne. Ou comment enfoncer la monnaie européenne tout en maintenant des taux d'intérêt élevés.

jeudi 27 janvier 2011

Japon : le début de la dégradation

Voilà une des premières attaques contre la dette publique des pays développés majeurs, avec la dégradation de la note du Japon par Standard & Poor's d'un cran, à AA-. Ce n'est pas étonnant à l'aune des dettes publiques abyssales du Japon, le recordman mondial de la dette publique. D'autres Etats majeurs devraient subir le même sort assez rapidement, l'Italie, la France et les Etats-Unis en particulier. Mais les conséquences de ces dégradations sont telles que les agences de notation risquent de retarder au maximum l'échéance, sous la pression. Aux Etats-Unis, le maintien par la Fed d'un taux d'intérêt quasi-nul n'augure pas d'un optimisme démesuré sur la croissance de l'économie américaine, tout comme la poursuite de la monétisation de la dette publique américaine, afin de boucher les trous béants du déficit public.

Les petits pays européens enfoncés dans la crise, quant à eux, devraient continuer leur dégradation continue en 2011, malgré l'aide de la Chine et même du Japon (un comble !) pour les financer. Les PIGS, entre austérité et déficits, continueront donc de porter l'actualité, et d'éviter à l'euro de revenir à des sommets insupportables pour la croissance de son économie. Espérons que l'Italie et la France ne les rejoindront qu'en 2012...

dimanche 23 janvier 2011

Inflation et austérité

Le retour de l'inflation se confirme en Europe malgré les mesures d'austérité de presque tous les pays, et c'est presque une bonne nouvelle : en rendant le remboursement des intérêts fixes sur les dettes publiques déjà émises beaucoup plus simple, l'inflation peut aider les pays européens à rembourser plus facilement leurs dettes colossales. Evidemment, les taux d'intérêt des nouvelles dettes seront plus élevés, mais si l'émission de dette diminue, l'effet global devrait être plus que positif. Et surtout, si l'inflation continue, l'euro pourrait enfin descendre à des niveaux plus acceptables pour les exportations européennes, amenant une relance de la croissance indispensable.

L'inflation provient de deux sources distinctes, l'une tirée par la hausse du prix des matières premières, liée à la croissance des pays en voie de développement, et l'autre de l'abondance de liquidités déversées dans l'économie par les banques centrales, qui permet un emballement de l'économie. Mais le plus important est que l'inflation est pour le moment peu affectée par les mesures d'austérité qui se poursuivent : l'Angleterre met son service public sous coupe réglée, le Portugal vient d'annoncer une cure d'austérité majeure pour essayer de se soustraire à la pression des marchés financiers et abaisser ses taux d'intérêt, l'Espagne se prépare à de graves mesures avec la restructuration de son système bancaire (ses caisses d'épargne régionales) par l'Etat. Cette dernière nouvelle est peut-être la plus dangereuse, puisque les besoins en fonds propres du système bancaire espagnol sont tels que l'Espagne pourrait faire appel au FESF avant même le Portugal.

Mais l'austérité, si elle n'impacte pas encore l'inflation, impacte par contre très fortement la croissance économique des pays concernés, en les privant du moteur de consommation interne qu'ils possèdent presque tous (hormis peut-être les britanniques plus orientés vers la finance internationale), et en les enfonçant dans une croissance molle qui ne permettra pas de sortir de l'étau des déficits publics. Il serait donc judicieux que l'inflation s'emballe un peu, afin que les gouvernements puissent sans trop de douleur rééquilibrer leurs comptes, et revenir à un niveau d'endettement plus raisonnable puisque leur PIB sera en forte croissance en valeur, tandis que leurs dettes publiques se stabiliseront. Ce vol déguisé des investisseurs, un remboursement en papier dévalué, est cependant hautement préférable à l'autre solution, un effondrement massif de l'euro lié à un krach de la dette publique (et donc un remboursement en papier encore plus dévalué). L'inflation est une donnée qui va devoir être suivie très scrupuleusement, car elle pourrait nous sortir tous du piège de la dette publique qui nous attend.

lundi 17 janvier 2011

Un doublement du FESF ?

En voilà une bonne idée : doubler la taille du FESF, le passant de 750 milliards à 1500 milliards afin de préserver véritablement l'Europe de la crise. Ou en le disant mieux, impliquer encore plus tous les pays de la zone euro, l'Allemagne en premier lieu, dans la crise de la dette publique. Évidemment, l'Allemagne a refusé l'idée aussitôt qu'elle est apparue, tout comme la France, mais le problème demeure entier : le FESF sera bientôt insuffisant, avec le Portugal et l'Espagne prêts à taper la porte même s'ils ne le reconnaissent pas encore. Si l'on ajoute la Grèce et l'Irlande, déjà aidés, et peut-être bientôt l'Italie, il risque d'y avoir foule pour le FESF, au point que l'idée de doubler la taille du fonds ne soit même plus un débat.

Le mieux serait bien sûr de demander directement à la Chine d'abonder au FESF, mais, question de fierté politique oblige, cette issue n'est pas envisageable, ou du moins pas encore.

samedi 8 janvier 2011

2011 l'année charnière

En ce début d'année 2011, plusieurs nouvelles intéressantes sont apparues, la principale étant le coming out de la Chine par rapport aux dettes publiques européennes. La Chine n'a en effet aucun intérêt à voir l'Europe s'enfoncer dans une crise majeure de dette publique, car cela se traduirait par un effondrement de la monnaie européenne synonyme de perte importante de compétitivité pour les entreprises chinoises exportant en Europe. La stratégie de protectionnisme monétaire de la Chine serait donc mise à rude épreuve par rapport aux entreprises européennes. Pour essayer de retarder cet effondrement de l'euro, une solution peu chère est d'acheter une partie des dettes de pays européens les plus en difficulté, afin de diminuer les tensions du marché sur la zone euro dans son ensemble. La Chine va donc acheter de la dette grecque, portugaise, irlandaise, espagnole, puis bientôt française et italienne, afin de ne pas précipiter la crise. Non pas que cela change la destinée de cette crise, mais cela permettra de la repousser légèrement, donnant un peu plus de temps à la Chine de se rééquilibrer vers plus de consommation intérieure.

Les autres nouvelles récentes intéressantes sont celles de l'Italie dont les ménages s'endettent inexorablement avec un taux d'activité toujours plus faible, le Portugal qui paie pour 500 millions d'euros de dette souveraine un taux d'intérêt énorme, de presque 3,7 %, les besoins grecs qui continuent à augmenter et bien sûr le devenir de l'Espagne, qui bat des records de chômage.

De tout cela, une seule chose compte vraiment, et rend l'année 2011 charnière : la reprise de la croissance économique sera-t-elle suffisante en Europe pour permettre une diminution significative des déficits publics ? La réponse est plutôt pessimiste, même si des ressources inattendues peuvent apparaître avec une hausse des impôts qui ne grèverait peut-être pas la reprise économique. 2011 sera donc l'année de la croisée des chemins : l'échec de la réduction des déficits ou bien la réussite d'une croissance économique résorbant les déficits.