mercredi 29 septembre 2010

Complémentarité

Alors que l'Espagne continue d'inquiéter le monde financier, à peu près à égalité avec le Portugal et l'Irlande, il est temps de disserter rapidement sur l'interaction entre Etat et marché, longtemps opposés, mais en réalité beaucoup plus complémentaires qu'il ne paraît.

Bien sûr, tout commence par la séparation entre capitalisme et économie de marché, bien plus opposés que combinés, même s'ils ont été longtemps confondus. Une économie de marché n'est pas nécessairement une économie où le capital possède le pouvoir de décision des entités de production, mais plutôt un système de promotion de la liberté par le biais de la concurrence, niveleuse de pouvoirs économiques. Ainsi une économie de marché n'est pas un système de pur laissez-faire mais doit obéir à quelques règles, de répartition de pouvoir en particulier, afin que les pouvoirs restent limités et ne viennent pas fausser la liberté individuelle qu'elle doit créer.

De son côté, l'Etat, quand il est démocratique, porte aussi un idéal de liberté individuelle, idéal inscrit dans les constitutions et symbolisé par la séparation des pouvoirs (judiciaire, législatif, exécutif). Cette séparation permet relativement bien à l'individu de se défendre face à l'Etat, par la défense de ses droits fondamentaux. C'est d'ailleurs cette idée de liberté de l'individu opprimé par l'Etat monarchique qui a sous-tendu les révolutions démocratiques des siècles passés. Par conséquent, Etat démocratique et marché (non le capitalisme) ont le même but, la liberté. Mais L'Etat démocratique ne doit pas pour autant s'immiscer dans chaque recoin de l'économie de marché pour la faire survenir.

En effet, l'Etat doit permettre aux différents pouvoirs économiques de s'exprimer et de s'opposer, mais il ne doit pas diriger le marché, car il le fait par une approche top-down qui ne correspond pas du tout à la structure mouvante, fluide, d'un système constitué d'interactions individuelles perpétuelles. La régulation du marché doit plutôt se faire par une approche bottom-up, où ce sont les pouvoirs microéconomiques qui s'affrontent et s'équilibrent, l'Etat se préoccupant bien plus des sujets macroéconomiques, à sa taille et à son niveau d'action.

Avec cette vision nouvelle du marché, qui obéit à ses avantages réels, une nouvelle relation entre Etat et marché se dessine, une relation de complémentarité, et non d'opposition. Laissons donc l'opposition Etat-marché au siècle dernier, et commençons à parler de complémentarité, à l'alliance entre Etat et marché.

lundi 27 septembre 2010

Chacun pour soi

Le jeu des monnaies majeures commence à devenir fascinant, car des fissures énormes sur la façade coopérativiste mondiale sont apparues (il est d'ailleurs paradoxal de demander de la coopération monétaire dans un marché normalement dominé par la compétition, mais la pratique n'est pas toujours clémente avec l'idéologie). La banque centrale japonaise a ouvert le bal en manipulant sa monnaie pour lutter contre le yen fort, la banque centrale américaine a répliqué en annonçant que la planche à billet pourrait être de retour aux USA pour soutenir la croissance américaine défaillante, et la banque centrale chinoise à bien sûr continué son jeu de sous-évaluation du yuan pour soutenir ses exportations. Ne restait que la banque centrale européenne, qui n'a besoin de rien faire, sinon d'attendre une nouvelle émission mouvementée de dette publique d'un des PIGS. Bref, chacun lutte de son côté pour ne pas étouffer sa croissance domestique par une monnaie trop forte.

Le résultat de cette cacophonie, ou de cette saine compétition, au choix, est que les monnaies évoluent de façon erratique. En ce moment, l'euro est remonté très haut, mais ne devrait pas y rester très longtemps avec les problèmes de déficits publics de la zone euro. En effet, les obligations à 10 ans du Portugal, de l'Espagne et de l'Irlande sont bien au-dessus de 6%, un nouveau record. De l'autre côté de l'Atlantique, le nouveau cheval de bataille de l'Amérique est plutôt le yuan, avec des premières sanctions contre sa sous-évaluation permanente, qui donneront peut-être quelques résultats positifs.

Pour finir sur une touche nationale, notre Ministre du Budget F. Baroin a raconté une bonne blague la semaine dernière, annonçant un déficit à 92 milliards en 2011 alors que celui de 2010 devrait flirter avec les 150 milliards de déficit. Quand on sait que l'élection présidentielle est en juin 2012, le déficit 2011 risque d'être un sujet plus que secondaire...

dimanche 12 septembre 2010

Irlande : prochain vilain petit canard ?

L'Irlande continue d'inquiéter, et se dispute la première place du palmarès avec le Portugal dans la course à la crise de la dette publique souveraine en Europe. Selon l'agence de notation Standard & Poor's (S & P), la dette publique irlandaise pourrait atteindre 113 % du PIB en 2012. Le déficit public, de 14,3 % du PIB en 2009, sera peut-être de 20 % en 2010. des chiffres qui laissent rêveurs sur les perspectives des prochaines années pour l'Irlande.

Le problème est que le naufrage de la dette publique d'une petite économie comme l'Irlande n'est pas suffisant pour enclencher le vrai mouvement salvateur de la zone euro, celui de l'effondrement de l'euro, qui créera l'inflation si nécessaire pour désamorcer la dette publique. Il faudra donc attendre l'Espagne, l'Italie et la France pour que l'euro s'effondre réellement et amène une vague d'inflation suffisante pour rendre la dette publique une question secondaire, vu qu'elle ne vaudra plus rien...

Du côté français, Christine Lagarde, Ministre de l'Economie et des Finances, a confirmé ce que tout le monde savait, une non-augmentation des impôts jusqu'en 2013, pour cause d'élections présidentielles en 2012. La politique a ses raisons que la raison ne connaît point, mais on est tout de suite moins enclin à l'accepter que pour le coeur.