lundi 31 août 2009

Inflation : l'économiste de la Société Générale

Une récente interview de l'économiste en chef de la Société Générale valide bien cette idée de retour de l'inflation, retour qui est accueilli plutôt froidement, alors qu'il règlerait ce léger problème de dette, publique comme privée. De façon intéressante, elle confirme l'attitude orthodoxe anti-inflationniste à attendre de la banque centrale, même si celle-ci aura à choisir entre croissance et inflation si celle-ci démarre avant que la croissance ne soit véritablement repartie.

La vraie question est plutôt : que se passera-t-il sans inflation ? La continuation de l'endettement public jusqu'à un krach ? Les trois autres possibilités que le krach semblent difficiles à soutenir : une croissance économique longue et soutenue qui permette de réduire le poids des dettes et d'équilibrer le budget, une hausse des impôts ou une réduction des dépenses publiques pour obtenir le même résultat. La dernière solution est impraticable, puisqu'elle créerait une récession qui ne permettrait pas de réduire le déficit ni de rembourser les dettes, reste la solution de la croissance économique ou celle des impôts.

Cette solution de croissance économique est évidemment la meilleure théoriquement, mais aussi la plus difficile à croire. D'où viendra cette croissance économique capable de résorber le déficit, quand le déficit qui caractérise les pays développés est avant tout un déficit ayant pour but de soutenir la consommation, éminemment nécessaire à la croissance. Le démarrage réel de la consommation des pays asiatiques, tant attendue, ne risque pas d'impacter fortement les industries des pays développés, puisque leur production intérieure leur permettra de répondre à leurs besoins sans autre problème que la gestion d'un afflux suffisant de matières premières.

La dernière solution est d'augmenter fortement les impôts (en particulier des classes les plus riches) pour rééquilibrer le budget de l'Etat tout en réduisant drastiquement l'épargne. C'est malheureusement une option impossible politiquement, la démocratie moderne et l'idéologie capitaliste ne pouvant accepter une telle solution.

A bientôt,

samedi 22 août 2009

Richesse : objet des banques centrales

De cette relation entre richesse et production, deux conclusions importantes peuvent en être tirées pour les banques centrales. La première, que le taux d'intérêt ne fait pas tout dans la mesure de la richesse (et dans son inflation), et donc que le taux de croissance de la production est très important lui aussi. La deuxième est que les banques centrales, focalisées sur la monnaie, en oublient le véritable concept, la richesse.

La monnaie n'est qu'une composante de la richesse, assez limitée en réalité, puisque la valeur des actifs immobiliers, fonciers, boursiers, est largement plus importante que la valeur de la monnaie en tant que telle, sans parler des dettes qui peuvent s'ajouter à ces actifs. C'est d'ailleurs le problème des aggrégats de monnaie, qui ne disent pas grand-chose puisqu'ils sont difficiles à isoler et à calculer dès que l'on entre sur des outils financiers sophistiqués. Le message est donc le suivant : les banques centrales doivent se focaliser sur la richesse, non sur la monnaie, car il est trop facile de déguiser de l'inflation par des bulles d'actifs, sans modification importante de la masse monétaire. C'est le rapport richesse/production qui doit être scruté, évalué, afin de ne pas faire déraper significativement ces deux grandeurs, qui sont les responsables de l'équilibre économique.

Nous arrivons ici à la définition qui semble la plus cohérente intellectuellement de l'inflation : une hausse de la valeur de la production par rapport à la valeur de la richesse. Ou relativement parlant, puisque la notion de prix est une balance à deux plateaux, une diminution de la valeur de la richesse par rapport à la production. L'inflation entérine une perte de valeur de la richesse, mais n'a en fait jamais réellement lieu à long terme, puisque la richesse retrouve son niveau d'équilibre avec la production. Il y a simplement eu transfert de valeur entre les différents actifs qui constituent la richesse.

Ce que l'on nomme habituellement inflation est donc une inflation monétaire, une diminution de la valeur d'un actif papier qui s'appelle monnaie, au profit de la production évidemment et au profit des autres actifs (en particulier productifs) qui vont eux gagner de la valeur relativement à la monnaie. Si l'on rendait liquides tous les actifs, le transfert de valeur entre monnaie et autres actifs (l'inflation monétaire) serait sans conséquence, puisque le rééquilibrage se ferait facilement, rapidement, sans blocage ni diminution de la demande de biens produits. Mais ce n'est pas le cas, et c'est pourquoi la monnaie, instrument d'échange, a un rôle si particulier dans l'économie.

A bientôt,

mardi 18 août 2009

Richesse et Production

Le lien entre richesse et production est en réalité un lien temporel, entre le présent, la production, et le futur, constituant la richesse. D'un point de vue macroéconomique, la richesse est l'actualisation de la production globale. En prononçant le mot actualisation, deux autres paramètres apparaissent, le premier étant le taux de croissance future de la production, et le second le taux d'intérêt directeur. Nous avons donc une équation reliant production et richesse qui intègre le taux de croissance de la production et le taux d'intérêt. Déterminer la richesse revient donc à estimer la croissance de la production sur le long terme et la variation du taux d'intérêt dans le futur.

Si l'on considère que la production est le déterminant essentiel de la richesse, la richesse doit varier avec elle, et effectivement celle-ci varie avec la croissance présumée de la production. Les variations de la bourse et du prix des autres actifs (immobiliers, fonciers...) se font donc généralement en fonction de l'évolution de la production (et du taux d'intérêt). Cependant de larges variations, corrélations et transferts de valeur entre les différentes classes d'actifs ont lieu, en particulier entre immobilier et actions. Les corrections des prévisions de croissance et les variations de taux d'intérêt contribuent à rendre encore plus difficile la détermination de la richesse globale normale. Cette difficulté, et la capacité de création monétaire des banques qui favorise l'endettement, rend possible et souvent réel une surévaluation de la richesse, une bulle globale.

Récemment, une bulle marquée est apparue au niveau immobilier, et a provoqué une récession globale quand elle a explosé, récession heureusement stoppée par le recours à l'endettement public, qui a pris la relève de l'endettement privé. L'économie peut donc repartir, après une correction sévère de la richesse immobilière, réduction en partie transférée en dette publique (dette qui va poser problème dans le futur). La richesse peut donc être un puissant facteur influant sur la production et créant croissance ou récession.

A bientôt,

mardi 11 août 2009

Un nouvel objectif pour les banques centrales

Le message précédent a donc mis à jour un problème majeur du crédit bancaire : le crédit est plus orienté vers la spéculation sur les actifs que vers le financement de la production, des investissements des entreprises. C'est donc une véritable gageure avec la stratégie de taux d'intérêt que de maîtriser le volume de crédit pour éviter de donner lieu à une spéculation sur les actifs grâce à l'endettement, tout en maintenant un volume de crédit suffisant aux entreprises productives. En effet, comme le crédit se dirige spontanément et principalement vers ce qui est le plus rémunérateur, il ira toujours vers la spéculation, où le gain est d'autant plus rapide qu'il est élevé (même si ce n'est pas dans la durée), plutôt que vers la production.

Nous revenons là au défaut principal de la stratégie de variation du taux d'intérêt. Si la variation du taux d'intérêt n'a que peu d'impact sur les cycles économiques réels (donc hormis les prix des actifs, par exemple immobilier ou bourse), que cela ne sert qu'à accompagner la croissance ou reproduire les effets financiers de l'inflation, alors la variation du taux d'intérêt et donc du volume de crédit doit servir exclusivement à contenir les prix des actifs. Nous avons là une redéfinition intéressante des objectifs de la banque centrale : elle ne doit pas tenir compte de la croissance de la production ou de sa récession, qui sont largement indépendantes de sa stratégie, mais au contraire se focaliser sur les prix des actifs (et non sur l'inflation de la production par rapport à la monnaie, une classe d'actifs parmi d'autres). Elle doit donc avoir pour objectif de maîtriser le volume de crédit pour éviter que le prix d'une classe d'actifs devienne trop élevée par rapport à la normale. Mais il reste à définir ce qu'est "la normale", ce qui passe par une définition de la richesse.

A bientôt,

dimanche 9 août 2009

Inflation de production et Inflation d'actifs

Les banques centrales ont renoncé depuis longtemps à contrôler directement l'émission de monnaie, émission qu'elles ont laissé aux banques privées, conservant cependant la variation des taux d'intérêt comme outil indirect. Depuis ce moment, la création de monnaie est interprétée de façon très étonnante par les banques centrales. En effet, les banques centrales sont censées réagir à l'inflation mais laissent filer considérablement la masse monétaire, source s'il en est d'inflation. C'est donc une attitude plus qu'étonnante de leur part que nous observons. Mais tout dépend de quelle inflation on parle.

Là semble se trouver l'astuce, sur la différence entre l'inflation des prix de produits, et l'inflation du prix des actifs. Que la masse monétaire croisse et crée des bulles d'actifs, la banque centrale laisse faire, mais que la masse monétaire croisse et crée une inflation de production, là elle intervient. La logique est faible, mais en résumé, si les prix du supermarché augmentent, ce n'est pas bien et il faut y remédier, si le prix de l'immobilier et le prix des actions augmentent, il est possible de laisser faire. Sauf que s'acheter un logement a un tout autre poids que d'acheter une salade, et que le prix du logement aura une incidence bien plus importante que le prix de la salade. Les banques centrales seraient donc plutôt schizophrènes en séparant ainsi les deux types d'inflation, oubliant par la même que les dernières crises économiques sont venues de la sphère financière.

Pour éviter ce problème, il semble que le focus doive être repositionner sur les actifs plutôt que sur la production (je reviendrai en détail sur le lien entre actifs, ou richesse, et production). Il serait sûrement beaucoup plus intéressant et efficace pour les banques centrales de maîtriser l'inflation sur les actifs, qui semble toujours être en avance sur l'inflation sur les produits, que celle sur les produits. Ainsi, les banques centrales pourraient se concentrer sur la régulation de la masse monétaire, avec pour base l'inflation des actifs, qui permettrait d'éviter les bulles et krachs financiers, tout en laissant les prix de la production s'adapter entre eux pour refléter l'évolution des coûts. Et comme l'inflation des actifs précède celle de la production, si l'inflation des actifs est contenue, celle de la production le sera aussi...

A bientôt,

mardi 4 août 2009

Stratégie des banques centrales (bis)

La stratégie des banques centrales souffre de deux défauts importants, liés à l'approche monétaire mise en oeuvre. Ces deux défauts sont fréquemment mis en avant pour critiquer l'utilité réelle de la variation des taux d'intérêt, et donc de la stratégie des banques centrales.

Le 1er défaut est celui du postulat de la présence continue de crédit, quelles que soient les conditions économiques. Le cas des subprimes en est l'exemple le plus récent, où ce n'est pas le taux mais le volume de crédit qui posait problème. Même avec un taux d'intérêt très faible, la diminution drastique du volume de crédit prêté par les banques a été le vrai problème, qui n'a pu être résolu que par l'injection massive de liquidités par la Fed, la banque centrale américaine, puis par les autres banques centrales. La stratégie des taux d'intérêt à donc un premier défaut majeur, celui de ne pas répondre aux circonstances de 'credit crunch'.

Le 2ème défaut se porte, lui, de l'autre côté du marché du crédit, du côté des entreprises et des particuliers. L'emprunt par les entreprises et les particuliers dépend en effet beaucoup plus de la conjoncture économique et des perspectives (croissance de la demande, faible risque de chômage, etc) que du taux d'intérêt. Même un taux d'intérêt très bas dans une économie en récession ne peut changer l'approche prudente des entreprises et des particuliers, et donc relancer la demande globale.

Voilà donc les 2 défauts majeurs de l'approche actuelle des banques centrales. Il est indéniable que la baisse des taux d'intérêt peut aider à la reprise économique en permettant plus facilement l'endettement des entreprises et des ménages, mais cette baisse ne peut pas déclencher la reprise, seulement l'accompagner. Il est indéniable que la hausse des taux d'intérêt peut diminuer l'inflation en renchérissant le coût du crédit, mais seulement si le taux d'intérêt dépasse les attentes de croissance économique des acteurs, et au prix d'une baisse de la croissance future.

En conclusion, la variation des taux d'intérêt est loin d'être la panacée pour la croissance économique, et plus étonnament, même pour l'inflation (dans sa composante monétaire). Nous y reviendrons.

A bientôt,

dimanche 2 août 2009

Actualités : 1500 milliards

La dette publique française a passé le cap des 1400 milliards de dette publique brute (critères de Maastricht) au 1er trimestre 2009, et passera sans coup férir le cap des 1500 milliards en 2009. Selon les critères de l'Insee pour la dette, ce montant est encore plus important, de l'ordre de 1800 milliards environ. Une étude récente du FMI prévoit d'ailleurs le poids de la dette française à plus de 90 % du PIB dès 2012, ce qui laisse augurer du pire, au vu de l'optimisme habituel des prévisions.

Un point intéressant pour le cas français est que de plus en plus de dette publique est indexée sur l'inflation, ce qui a un petit avantage et un énorme inconvénient. Le petit avantage est d'éviter la prime de risque d'inflation sur les emprunts à long terme de l'Etat, donc de diminuer sur le court terme les taux d'intérêts à payer. L'énorme inconvénient est d'empêcher le remboursement de la dette publique par l'inflation (ce qui empêche de payer en monnaie dévaluée sa dette). Pour éviter un embarras présent, l'Etat est en train de choisir une solution qui le mettra dans l'impossibilité d'utiliser l'inflation pour rembourser sa dette, mais celle-ci doit lui être imposée par les investisseurs qui redoutent l'inflation. Il ne lui restera que la faillite, si l'inflation apparaît. A moins de ne pas respecter ses engagements, ou de relever encore plus les prélèvements obligatoires...

Le transfert de la dette privée vers la dette publique issu des subprimes s'est peu réalisé en France, puisque l'Etat était historiquement déjà très endetté, et les individus beaucoup moins, à l'inverse des pays anglo-saxons. La crise des subprimes a donc été bien moins violente pour le système bancaire français, et l'économie française dans son ensemble. Mais si le remboursement de la dette publique reste impossible dans le futur par le moyen de l'inflation, c'est le phénomène inverse qui se produira, un transfert de la dette publique vers la dette privée, par des impôts très lourds. Ou bien, la faillite de l'Etat, et un krach économique...

A bientôt,

La stratégie des banques centrales

Les banques centrales ont adopté depuis bientôt 30 ans une approche de variation des taux pour essayer de contrôler l'économie dans son ensemble, et répondre à leur objectif de croissance sans inflation. L'idée est assez simple : des taux d'intérêts élevés vont faire diminuer l'inflation (baisse de la demande de crédits) et des taux bas vont relancer l'économie (un crédit abondant et peu cher relance la consommation et l'investissement). Le calcul sera donc le suivant : des variations appropriées des taux d'intérêt doivent permettre d'approcher au plus près leur objectif de croissance sans inflation.

Deux problèmes apparaissent ici : le premier est la variation continuelle des taux d'intérêt, véritable effet yo-yo pour la croissance économique, avec son cortège d'anticipations et de corrections. La création et l'explosion récurrente de bulles spéculatives sur les actifs est en partie issue de cette fixation volontaire des taux d'intérêts. Le deuxième est encore plus intéressant : relever les taux d'intérêt quand l'inflation commence revient à reproduire l'impact de l'inflation sur le marché de l'argent. Pour éviter l'inflation, les banques centrales reproduisent l'effet de l'inflation sur le crédit. L'effet régulateur de l'inflation est donc mimé, sans que l'inflation en tant que telle soit installée. Quel est donc l'intérêt de reproduire les effets sans la cause ? Le relèvement des taux d'intérêts diminue la croissance en même temps que l'inflation. En quoi cela est-il préférable à l'inflation, qui aboutirait à ce relèvement d'elle-même ? Il semble qu'il y ait là un choix idéologique bien plus qu'une analyse rationnelle des enjeux : entre inflation et croissance, l'inflation a gagné, et domine le débat. Pourquoi cette prise de position ?

A bientôt,

mercredi 22 juillet 2009

Choix entre croissance et inflation

Les banques centrales essaient de concilier croissance de la production et maîtrise de l'inflation. La question majeure est donc ce lien entre croissance et inflation. Etudions donc la relation entre ces deux objets :

0 - 0 : pas de croissance et pas d'inflation
0 - 1 : pas de croissance et inflation
1 - 0 : croissance et pas d'inflation (objectif des banques centrales)
1 - 1 : croissance et inflation

Bien sûr, récession et déflation sont intégrées, comme des formes extrêmes de 0 (pas de croissance) et 0 (pas d'inflation). Il est plutôt clair que 0 - 0 et 0 - 1 sont possibles, mais ce qui nous intéresse est plutôt le lien 1 - 0 et 1 - 1. Est-ce qu'une croissance à long terme peut être viable sans inflation ? Nous avons vu récemment des périodes de croissance sans inflation visible, hélas marqués par une inflation monétaire dissimulée sous forme de dettes, qui provoquaient un krach une fois mises à jour. C'est ce qui s'est passé avec la crise des subprimes, crise somme toute bénigne, et qui se passera avec la prochaine, la crise de la dette publique. La question posée par cette augmentation continue de la dette, qu'elle soit publique ou privée, est celle de la nécessité de l'inflation pour permettre une croissance significative à long terme.

Pourquoi donc l'inflation serait-elle nécessaire à la croissance ? Le lien entre inflation et croissance existe-t-il ? Si ce lien n'existe pas, alors la stratégie des banques centrales - la variation du taux d'intérêt directeur - est la bonne, puisqu'elle permet de relancer la croissance quand celle-ci diminue, et de diminuer l'inflation quand celle-ci augmente. Si un lien existe, par contre, alors leur stratégie est à revoir significativement. Intéressons-nous donc à la stratégie des banques centrales, la variation du taux d'intérêt.

A bientôt,

dimanche 19 juillet 2009

Bonne ou mauvaise inflation

Nous entrons maintenant dans une analyse de la normativité de l'inflation, qui qualifie alternativement l'inflation de 'bonne' ou de 'mauvaise' selon les référentiels considérés. Depuis longtemps, les économistes considèrent l'inflation négativement, et s'accordent pour la combattre vigoureusement. Le seul moment économique où elle devient acceptable est en période de crise économique, où elle est perçue comme un moindre mal que la baisse de la production. Habituellement pourtant, entre inflation et production, le choix se porte plutôt vers l'inflation, avec des hausses de taux d'intérêt directeurs dans le but de la contenir.

Les économistes semblent donc travailler, de façon consciente, avec deux référentiels normatifs distincts, le premier où le 'bon' est la croissance de la production, le 'mauvais' la baisse de la production, et le deuxième où le 'bon' est la maîtrise des prix, le 'mauvais' l'inflation. La préférence donnée à l'un ou l'autre référentiel explique presque tous les choix économiques majeurs des banques centrales. Néanmoins, en général, l'un et l'autre sont mélangés, selon le mot d'ordre suivant : croissance de la production avec stabilité des prix.

Malheureusement, l'un et l'autre se révèlent relativement antinomiques, comme nous le verrons par la suite. Il faut donc sacrifier en partie l'un à l'autre, croissance de la production ou stabilité des prix. En cherchant à concilier les deux, il faut soit sacrifier une partie de croissance possible de la production, soit accepter un peu plus d'inflation. Historiquement, les presque quarante dernières années ont été marquées par le premier choix : une maîtrise de l'inflation au prix d'une faible croissance. Pourtant, les Trente Glorieuses furent celles du choix inverse, la croissance au prix de l'inflation, avec un succès économique certain... Nous reviendrons sur ce revirement de choix économique.

L'inflation peut donc selon les référentiels être considérée normativement comme mauvaise, ou moins mauvaise. Elle sera presque toujours combattue, ou au mieux tolérée mais seulement en temps de crise économique majeure. La distinction entre inflation de production ou monétaire aura là toute son importance pour analyser un peu plus profondément cette idée de normativité de l'inflation, et comprendre comment elle peut être utile. Mais ce sera pour la prochaine fois...

A bientôt,

vendredi 10 juillet 2009

Origines de l inflation

Si l'inflation peut avoir deux origines distinctes, un excès de monnaie ou une tension de production, il n'est pas possible de traiter l'inflation de façon globale, sans distinguer entre ses origines. Il faut donc en premier lieu déterminer si l'inflation qui commence est une inflation de production (issue de tensions de production) ou une inflation monétaire (un excès de monnaie). En l'espèce l'inflation issue des chocs pétroliers était une inflation de production, tandis que l'inflation de pays en banqueroute (Russie, Argentine) était une inflation monétaire.

En termes de science économique, la première révolution conceptuelle à mener est donc de sortir du simplisme causal de l'inflation : une seule cause n'amène pas une seule conséquence. Deux causes différentes aboutissent à une même conséquence, un même résultat, l'inflation. Il est donc impératif de distinguer inflation de production et inflation monétaire, afin de les traiter comme il se doit.

Mais ces deux inflations peuvent se confondre, et être confondues. Par exemple, pour maintenir le volume de production après un choc ou des tensions de production, le recours à un accroissement de la masse monétaire sera souvent nécessaire, entraînant donc une inflation monétaire à la suite d'une inflation de production. L'une et l'autre peuvent donc être fortement liées. A bientôt,

lundi 6 juillet 2009

Inflation

L'inflation se crée donc de deux façons distinctes, pour les monétaristes par la monnaie (en excès) et pour les productivistes par la production. Se retrouvent ici les deux côtés du prix, entre monnaie et produit. Un prix se définit par une proportion entre une quantité d'argent et une quantité de produit. Selon le côté où l'on regarde, l'inflation peut se caractériser par un excès d'argent ou par une rareté du produit. Chaque côté a raison, et pourtant chaque côté implique des décisions économiques opposées.

Mais si l'on considère l'inflation d'un point de vue neutre, sans considérer qu'elle soit un bien ou un mal, apparaît comme une incohérence : si l'inflation représente l'adaptation naturelle des facteurs de production à court terme, que doit-il se passer à long terme ? Soit la masse monétaire augmente, soutenant le volume de production et donc l'inflation, soit la masse monétaire reste stable, diminuant le volume de production et donc l'inflation. Entre maintien du PIB et lutte contre l'inflation, une impossibilité apparaît : accepter que le maintien du PIB soit l'objectif numéro revient à accepter l'inflation. Mais cela est-il vrai pour la croissance du PIB, hors chocs de production ?

A bientôt...

dimanche 5 juillet 2009

Les 2 camps en économie

Les économistes peuvent être grossièrement classés en deux camps, les monétaristes et les productivistes.

Les monétaristes, comme leur nom l'indique, donnent une position majeure à la monnaie, puisqu'elle est selon eux seule responsable de l'inflation à long terme. Ils désirent donc le maintien d'une masse monétaire stable. Dans leur lutte contre l'inflation - lutte légèrement pathologique - la monnaie est donc l'outil principal. En conservant un niveau stable de monnaie, aucune inflation ne doit apparaître, sauf une inflation transitoire. Avec une masse monétaire stable, si une inflation se déclenchait, elle serait compensée par une baisse de volume échangé, transitoire elle aussi (quoiqu'on puisse se demander quelle est l'unité de temps de ladite 'transition'). Après la période de transition, les prix baissent et les volumes remontent, ce qui aboutit à un retour aux prix initiaux et aux volumes initiaux.

Les productivistes sont eux intéressés à l'économie de production, contrairement à l'économie d'échange des monétaristes. Ils étudient plus particulièrement les capacités de production d'une économie et considèrent l'inflation comme la conséquence de chocs de production, à court terme comme à long terme. Dans cette optique, l'histoire leur donne relativement raison, avec les chocs pétroliers par exemple. L'augmentation soudaine et violente du prix de la principale source d'énergie, le pétrole, a entraîné une inflation nécessaire pour que les entreprises restent bénéficiaires, entraînant ensuite les salaires et enclenchant une spirale inflationniste.

La réponse des monétaristes à ces chocs pétroliers aurait été de conserver une masse monétaire stable, avec pour résultat de comprimer les salaires et ainsi la demande, ce qui aurait créé une crise économique majeure, mais aurait ensuite évité la spirale inflationniste. Heureusement la pression politique était trop forte, si bien qu'ils n'ont pas été suivis, mais la politique économique qui allait suivre serait celle de la lutte contre l'inflation, politique relativement étonnante après 30 années de croissance forte et d'inflation élevée. Pourquoi donc changer ainsi une politique économique performante ?

A bientôt...

dimanche 28 juin 2009

Actualités : la BCE

La BCE a réalisé cette semaine une opération rare : fournir de l'argent presque gratuitement aux banques, pour la modique somme de 442 milliards d'euros. Au jour de l'émission de ce montant démesuré, l'Euribor 1 an se trouvait en effet à 1,57 %, et le taux d'intérêt demandé par la BCE sur 1 an, à 1 %.

Pourquoi donc la BCE a-t-elle fait ça ? La raison évoquée est de ramener des liquidités sur le marché, de remettre les banques au travail, en leur faisant des conditions de prêt plus qu'intéressantes. La raison réelle serait-elle une crainte de déflation liée à la crise économique, qui fait prendre à la BCE le contrepied de son habituelle intransigeance envers l'inflation ? Ou bien un coup de main économique aux Etats de l'UE, lourdement déficitaires, qui vont devoir lever des montants colossaux durant l'année 2009 et 2010 et ne peuvent se permettre des difficultés de financement et des taux trop élevés ?

Peut-être un peu des 2, mais l'aide au financement des déficits publics semble peser lourdement dans la balance, puisque le danger systémique existe (banqueroute, hyperinflation, etc), issu de difficultés de financement de la dette publique dans la zone UE. Avec des déficits publics largement supérieurs à 5 % du PIB en 2009 et 2010, la dégradation de notation de la dette publique devient de plus en plus probable, accélérant la survenue du krach qui nous intéresse ici. Si même les actions de la BCE accréditent l'existence d'un risque de krach, alors il est temps de s'inquiéter. A bientôt...

dimanche 21 juin 2009

Introduction (suite)

Expliquons un peu plus la crise récente des subprimes, car elle est le précurseur du krach économique qui va suivre.

Deux conceptions de la croissance par l'endettement se sont opposées dans les années passées. La première, basée sur l'Etat, est la conception latine, où les déficits publics récurrents permettaient, sous couvert de keynésianisme soit-disant conjoncturel mais en fait structurel, de créer la base d'une croissance de la consommation entraînant une croissance du PIB. L'Etat dépensait toujours plus pour permettre, par sa politique de redistribution et de maintien d'un quota élevé de fonctionnaires, la consommation nécessaire à la croissance de l'économie.

La deuxième conception, anglo-saxonne, s'est, elle, concentrée sur les individus, par le refus politique d'un Etat trop fort et étendu. Au lieu de se baser sur l'endettement public, il a donc été fait appel à l'endettement privé. Avantage de la solution : une dette répartie entre des millions d'acteurs privés, basée sur leur richesse actuelle ou future, que le marché devait correctement évaluer et donc contrôler. Inutile de dire que les dérapages publics constants des pays latins entraînaient la réprobation et le courroux de ceux qui avaient des budgets sains, les pays anglo-saxons.

Malheureusement, le marché n'étant pas un outil parfait, et les individus ayant des capacités d'endettement limitées, même en vendant leur maison, la crise des subprimes est apparue. Sans refaire l'histoire détaillée de cette crise, un seul point doit nous heurter : elle est apparue aux Etats-Unis juste après un relèvement agressif des taux d'intérêts directeurs par la Fed (en 2 ans, de juin 2004 à juin 2006, le taux d'intérêt a été remonté de 1,25 % à 5,25 %). Les dettes ont commencé à devenir difficiles à rembourser, et comme les prix de l'immobilier arrêtaient de monter, un refinancement devenait impossible. La crise des subprimes est alors apparue, et les gouvernements des pays anglo-saxons, pour sauver leur système bancaire, ont transformé l'endettement privé en endettement public (par des plans de soutien à la consommation, de garantie des dettes, d'investissement dans les banques, etc).

Maintenant que l'endettement public a gagné sur l'endettement privé, que les latins ont gagné contre les anglo-saxons, même si ce n'est que provisoirement, il est temps de s'intéresser à la suite, le krach de la dette publique. A bientôt...

samedi 20 juin 2009

Introduction

Ce petit blog est un peu comme une bouteille à la mer, porteuse d'une sombre nouvelle. Un terrible krach économique nous attend, issu des dettes publiques colossales des pays développés.

La crise des subprimes en 2008 n'a finalement été que le tranfert d'une économie basée sur la dette privée, à l'anglo-saxonne, à une économie basée sur la dette publique, à la mode latine. Les latins peuvent être fiers, la culture anglo-saxonne a perdu, les individus ne peuvent pas s'endetter sans fin. Voilà l'enseignement des subprimes. La dette privée a donc été transformée en dette publique dans les pays anglo-saxons. Mais les Etats ne peuvent pas plus supporter une dette toujours croissante. Ils ont bien sûr beaucoup plus de ressources et peuvent plus facilement repousser l'échéance, sans pour autant empêcher un krach inéluctable. Pour éviter ce krach, et les dégâts qu'il causera, la seule solution praticable serait une politique d'inflation modérée (3-5%) sur la décennie à venir, qui s'oppose aux conceptions économiques actuelles de la Fed et de la BCE. Il est vrai que cela s'apparente à un vol déguisé de la part des Etats, mais entre deux maux, il faut bien choisir le moindre.

Puisque je n'ai pas le pouvoir de changer les orientations de la Fed et de la BCE et donc éviter ce krach, le but secondaire de ce blog sera d'expliquer pourquoi la Fed et la BCE ont tort depuis 30 ans, et pourquoi cela a amené les économies des pays développés à s'endetter toujours plus, afin de continuer à croître. A bientôt...