samedi 31 juillet 2010

Réduction du déficit français

Mais que fait DSK ? Le FMI vient de dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas, à savoir que la réduction du déficit public français sera bien moins rapide qu'annoncée par le gouvernement. Le FMI annonce un déficit de 3 % du PIB seulement en 2015 et non en 2013, simplement en retraitant les prévisions de croissance de la France à des niveaux bien plus normaux, et même encore optimistes. Mais il continue à croire à l'instauration d'une vraie politique de rigueur en France, à 2 ans de la présidentielle !

Il ne faut pourtant pas être très imaginatif pour savoir que le gouvernement évitera de serrer véritablement le budget en 2011, afin de garder une chance à Nicolas Sarkozy de gagner la présidentielle en 2012. Autant dire que 2011 et 2012 risquent d'être des exercices de déficit budgétaire élevés, amenant en réaction les marchés à demander des intérêts de plus en plus élevés et les agences à dégrader la note de la France. La question politico-économique majeure de la France est donc la suivante : le krach de la dette publique français aura-t-il lieu avant l'élection de 2012 ou après ?

Avant l'épisode de la Grèce, je penchai personnellemet sur 2013-2014, mais la Grèce, puis bientôt le Portugal, l'Irlande, l'Espagne et l'Italie vont accélérer les choses. Donc à l'heure actuelle je dirai plutôt 2011-2012 pour un épisode de crise majeure de la dette ouveraine européenne et d'effondrement de l'euro (qui aura un effet hyperinflationniste permettant de relancer l'économie européenne, qui a tant besoin d'inflation).

dimanche 25 juillet 2010

Stress test des banques européennes

Les résultats de stress tests effectués sur les banques européennes et rendus publics vendredi dernier ont sans surprise confirmé la solidité de la majorité des banques, et en particulier des banques françaises. le résultat n'est pas étonnant car il s'est basé sur l'idée qu'aucun Etat européen ne ferait faillite, puisque la BCE achètera toutes les dettes d'Etat en cas de besoin (monétisation de la dette). Puisqu'il n'y a pas de danger sur les dettes d'Etat ca c'est l'euro qui sera sacrifié plutôt que les Etats européens, les résultats des stress test ne pouvaient qu'être très bons...

Une autre information importante est apparue la semaine dernière, avec un basculement de la demande en pétrole vers la Chine plutôt que les Etats-Unis, qui devrait orienter le prix du pétrole toujours à la hausse, en fonction de la croissance asiatique. Un problème de financement de la dette publique en Europe ne devrait donc pas entraîner une chute rapide du prix du pétrole, mais plutôt créer de l'inflation par la hausse du prix du pétrole par rapport à l'euro (alors en chute libre).

dimanche 18 juillet 2010

Une nouvelle agence de notation chinoise

Une nouvelle agence de notation, Dagong Global Credit Rating, vient de voir le jour dans le monde de la finance mondiale, et bien sûr, elle est chinoise. L'événement est intéressant car ses notes sur les déficits publics reflètent beaucoup plus fidèlement la situation financière réelle des grands pays développés que les 3 autres agences occidentales historiques. Par exemple, attribuer un AA aux Etats-Unis n'a rien de scandaleux, pas plus qu'un AA- à la France ou à la Grande-Bretagne. On peut bien sûr se demander si la note AA+ de la Chine donnée par Dagong n'est pas un peu surévaluée, mais cela fait partie du jeu.

Ce qui est franchement irritant dans les 3 grandes agences occidentales, leur propension à prendre les prévisions américaines de croissance pour la réalité, et l'Europe pour le vilain petit canard perpétuel, est somme toute plutôt bien corrigé par Dagong. Saluons donc comme il se doit ce début d'équilibre dans les notes des dettes souveraines.

Sinon, côté grec, le pays va mieux, surtout parce que l'inflation semble s'installer au-dessus de 5 % par an (en mai et juin 2010, 5,4% et 5,2%), et pourrait bien accélérer encore si la récession ne la tue pas dans l'oeuf. Il serait donc judicieux que l'Etat grec ne poursuive pas trop fortement sa politique d'austérité, afin de laisser l'inflation oeuvrer et réduire le déficit et la dette publiques. A suivre...

mercredi 14 juillet 2010

Depreciation de l'euro : Henin a raison

Jean-François Henin, le patron de Maurel et Prom, a récemment demandé une dévaluation forte de l'euro, à 0,6 euro pour 1 dollar (http://www.lefigaro.fr/societes/2010/07/12/04015-20100712ARTFIG00307-le-patron-de-maurel-amp-prom-fustige-l-euro.php). Il a totalement raison, puisque la dévaluation de l'euro est la seule solution amenant rapidement de l'inflation et une compétitivité internationale dont l'Europe de l'Ouest a vraiment besoin. Ainsi, le mélange d'une inflation conjuguée à une croissance de la production permettra sans douleur de rééquilibrer les comptes public et éloigner le spectre du krach de la dette publique.

Malheureusement, la BCE n'est pas dans cet état d'esprit pour le moment, et attendra sûrement que le krach soit engagé pour réagir et inonder le marché de liquidités, faisant s'effondrer l'euro, alors qu'une baisse maîtrisée aurait été beaucoup moins destructrice pour l'économie dans son ensemble. Accepter l'inflation est la seule solution pour éviter l'hyperinflation...

dimanche 4 juillet 2010

Natixis et la hausse des salaires

Dans une note sortie il y a quelques jours, Natixis prône une solution totalement hétérodoxe mais aussi complètement dans la philosophie de ce blog. Ci-dessous se trouve le lien vers la note en question, qui imagine une hausse de 20 % des salaires et une dépréciation de 20 % de l'euro :
http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=53780

Cette solution est évidemment créatrice d'inflation, et donc bienvenue, mais est un peu trop unilatérale en l'état. En y ajoutant une augmentation des taxes sur l'énergie et les matières premières et en transférant la fiscalité du travail vers la valeur ajoutée, il serait possible de créer une inflation plus soutenue et plus durable qui permette d'entretenir suffisamment longtemps la réduction de l'endettement public et surtout de la surépargne.

A l'opposé, la proposition du Cercle des Economistes de créer une dette européenne est un pas supplémentaire vers le krach de la dette publique, même si elle pourrait le retarder un peu en permettant un financement plus facile aux Etats les plus endettés. Cette solution est bien sûr intelligente pour diminuer la pression des marchés, mais manque complètement le but de réduction de l'endettement public qui rassurerait les marchés.

samedi 3 juillet 2010

Chine et consommation

Le gouvernement chinois a parfaitement compris le problème majeur de la surépargne et tente depuis quelques semaines de le régler en réorientant son économie domestique vers une plus grande consommation et moins d'investissement, afin de diminuer les taux d'épargne et rentabiliser les investissements antérieurs. Les hausses de salaire décidées (ou acceptées) par les autorités vont donc dans le bon sens, même si le comportement individuel d'épargne est très difficile à modifier. En particulier, l'inflation entretenue par la hausse des salaires devrait permettre aux entreprises de rembourser leurs dettes d'investissement et donc éviter une débâcle productive alors que la croissance mondiale est bien faible.

Ainsi, même si cet effort est trop tardif au vu de la situation d'endettement des pays développés (il aurait dû arriver 5 ans plus tôt au moins), il met en lumière la problématique majeure à laquelle vont devoir faire face les pays largement exportateurs à la fois de produits et de monnaie (l'épargne est recyclée en dettes publiques étrangères), de type Chine ou Allemagne. Avec l'effondrement des dettes publiques et bien sûr un effondrement de la monnaie, euro en particulier, leurs actifs épargnés disparaîtront presque automatiquement, annulant l'effort d'épargne réalisé depuis longtemps. Dans une causalité tragique, l'accumulation d'épargne résultera en une disparition de cette richesse épargnée par l'inflation, inflation issue du krach des dettes publiques que l'épargne a elle-même créée...