mercredi 23 juin 2010

Economie et Football

En ces semaines intenses de football mondial, de Coupe du Monde, le rapprochement était tentant, et sera donc tenté. Quelle correspondance peut-il exister entre le football et l’économie ? Beaucoup plus qu’il n’y paraît au premier abord, et cela va bien au-delà des retombées économiques directes et indirectes d’un tel événement planétaire.


Imaginons un instant l’économie comme un sport, pratiqué dans un gigantesque stade où les spectateurs peuvent prendre plaisir à observer la compétition entre des protagonistes, sur le terrain. Dans cette configuration, la compétition est indispensable sur le terrain pour produire les effets attendus. On peut dire de même d’une économie de marché où, sans compétition, les effets du marché n’ont pas d’existence réelle. Si les joueurs sont les producteurs, il y a donc un effet positif majeur à la compétition, pour les clients qui ne sont autres que les spectateurs.


Etant dans une compétition, seuls les meilleurs gagnent et progressent de tour en tour, amenant de plus en plus de satisfaction aux spectateurs (clients) par leur jeu. Les perdants, éliminés, sont bien sûr déçus mais rien ne les empêche de tenter à nouveau leur chance en se réinscrivant à la compétition (en créant une entreprise), comme les spectateurs qui voudraient entrer dans la partie de la production, en plus d’être du côté de la consommation.


Mais là où la différence est frappante est que les perdants peuvent retenter leur chance dans la production (sur le terrain), mais perdent leur droit à la consommation (dans les tribunes). A chaque défaite, au lieu que les perdants se retrouvent dans les tribunes pour profiter du spectacle, en tant que spectateurs, ils se retrouvent jetés hors du stade, si ce n’est qu’un gentil stadier (l’Etat) leur permet de rester un peu plus de temps, mais seulement pour qu’ils reviennent dans la compétition.


Si la compétition a pour effet de diminuer le nombre de joueurs, par une productivité toujours croissante par exemple, un énorme problème se crée, car le nombre de spectateurs est plutôt corrélé au nombre de producteurs De plus en plus de personnes se retrouvent jetées hors du stade, sans moyen d’y revenir car leur jeu ne le leur permet pas.


Evidemment, un sport où les spectateurs sont refusés n’existe pas car sa raison d’être est d’avoir des spectateurs. De la même façon, une économie qui exclue des clients va au-devant de vastes problèmes, et pourtant c’est ainsi qu’elle fonctionne en ce moment. Au lieu de tirer les conséquences d’une productivité croissante liée à la compétition, et de conserver le plus de spectateurs (clients) possibles, elle les exclut, peut-être car la solution pour conserver les spectateurs, la redistribution, est beaucoup trop ancrée politiquement pour n’être envisagée qu’économiquement… En conclusion, l’économie est un sport où la compétition est bénéfique, si tant est que tous puissent rester dans le stade pour profiter de ladite compétition, chose qui n’est pour l’instant pas du tout acceptée alors qu’elle permettrait à ce sport de se développer magnifiquement bien. Et tout le monde sera victorieux, quel que soit le vainqueur sur le terrain.

lundi 14 juin 2010

Origine du krach

Ainsi que je l'ai déjà écrit dans ce blog, l'origine réelle du krach à venir est la surépargne, mais d'où vient-elle ? Ses causes sont capitalistes et scientifiques : la science permet des gains de productivité que le capitalisme s'approprie en grande partie (par une mauvaise redistribution des gains de productivité, et surtout des risques entre salariés et actionnaires). Puisque la science permet d'utiliser moins de travail pour produire le même nombre de choses voire beaucoup plus, deux résultats se produisent : le premier, que l'on a vu pendant le XXème siècle, est une explosion de la production, tirée par la consommation des masses. Le deuxième, que l'on voit maintenant apparaître quand la répartition des revenus et des richesses est déséquilibrée, est l'apparition de la surépargne et des bulles d'actifs énormes qu'elle crée.

Au-delà de la surépargne, un problème non résolu de l'économie est l'inactivité créée par l'augmentation des gains de productivité. Elle a été traitée historiquement par la retraite, l'allongement des études, le chômage, etc, mais la problématique structurelle n'a pas été considérée, comme si elle était incompréhensible dans l'état d'esprit capitaliste où le travail doit permettre à tous de s'en sortir individuellement. Mais dans une société où le travail devient rare car la productivité est élevée, le mythe s'effondre... Et implique une redistribution car personne n'est responsable ni ne mérite tout la productivité de l'avancée scientifique, qui permet de produire autant avec si peu de personnes. Le gros mot est lâché, redistribution, mais dans une société libérale, avec une économie de marché, et sans connotation politique, simplement une optimisation économique entre consommation et production.

samedi 12 juin 2010

Austérité 2 : la France

Après 80 milliards d'euros d'économies annoncées par l'Allemagne, la France pour ne pas être en reste a annoncé 100 milliards d'euros d'économies sur les 3 prochaines années. Il sera intéressant de voir le résultat de ce plan d'austérité sans précédent en France, et en particulier son impact sur la croissance du PIB en France. On peut s'attendre à ce que la réduction des dépenses publiques ne soit très compliquée en l'absence d'une croissance forte et que la tentative de réduction du déficit ne soit à l'origine même de la croissance atone des prochaines années...

Il est vrai que l'écart d'intérêt entre les dettes allemandes et françaises a atteint 0,5 % cette semaine, ce qui provoque quelques sueurs froides au gouvernement français. La peur d'être dégradé de AAA à AA+ vient s'y ajouter et oblige donc à communiquer sur la réduction du déficit public, aussi étrange économiquement que soit cette décision. En plus de menacer la reprise, ces annonces ont aussi pour mauvais effet de stabiliser l'euro et donc empêcher la poursuite de sa baisse, qui aurait pu amener l'inflation salvatrice pour l'économie européenne et en particulier la dette publique. L'austérité est donc justifiée à court terme pour réduire la pression des marchés, mais complètement erronée pour le problème dans son ensemble.

mardi 8 juin 2010

Austérité

Après l'annonce de l'Angleterre, voici l'Allemagne qui s'y met à son tour. Ne voyant pas la croissance venir aussi vite que la crainte des marchés sur la dette publique, les pays européens choisissent la plus mauvaise voie, celle de l'austérité. Si aucun soutien à la consommation n'est donné par les dépenses publiques, quel va être le moteur de la croissance ? Il semblerait qu'il n'y en ait aucun, puisque ce n'est pas en effrayant les individus qu'ils seront incités à moins épargner.

L'Europe est donc inéluctablement en train de s'enfoncer dans le krach, car les marchés savent bien que l'austérité n'est qu'une solution de court terme, ne permettant pas de sortir du problème de la dette publique, mais juste de le repousser un peu. Finalement, la meilleure solution serait de continuer à dépenser suffisamment pour que l'euro continue à diminuer, jusqu'à déclencher de l'inflation (en partant des matières premières). Seule l'inflation peut nous sauver du krach à venir, car elle seule pourra diminuer la valeur des dettes et surtout rééquilibrer épargne et consommation.

De façon étonnante, si le krach survient pour cause d'absence d'inflation, il déclenchera un épisode d'hyperinflation, car la BCE, par sa politique de quantitative easing massif pour sauver l'économie européenne, fera s'effondrer l'euro. Dans un moment tragique, la BCE verra sa politique anti-inflationniste stricte aboutir à l'opposé de ses buts, aboutir à son cauchemar, l'hyperinflation. L'extrémisme monétaire aura échoué, et il sera possible d'accepter qu'un peu d'inflation est bon pour l'économie.

dimanche 6 juin 2010

Les USA demandent aux autres pays développés de consommer

Dans une conférence du G20 hier, Geithner, le secrétaire d'Etat américain au Trésor a eu des mots pleins de bon sens : il faut que les pays majeurs de l'exportation, Japon, Allemagne et Chine mettent en oeuvre des plans d'augmentation de leur demande intérieure, car l'économie mondiale ne peut reposer seulement sur les consommateurs américains, surtout lorsque ceux-ci reconstituent une épargne qui avait pratiquement disparu de leurs pratiques économiques.

Ci-dessous se trouve le lien vers le New York Times :
http://www.nytimes.com/2010/06/06/world/asia/06summit.html?src=un&feedurl=http%3A%2F%2Fjson8.nytimes.com%2Fpages%2Fbusiness%2Fglobal%2Findex.jsonp
Autant l'Allemagne et la Chine peuvent facilement se permettre de le faire avec des dépenses publiques si besoin est, autant la situation du Japon est compliquée avec son endettement massif... Un changement de comportement individuel est difficile à décider, mais pourrait être aidé par une redistribution plus en faveur des populations pauvres, qui épargnent moins leurs faibles revenus.

Là encore, la surépargne pose problème pour la sortie de crise des subprimes, comme elle a contribué à la créer.

mercredi 2 juin 2010

Le problème de la zone euro, c'est l'Allemagne

Malgré ce que pensent les économistes sur les dérives des finances publiques des pays latins, le problème numéro 1 de la zone euro est l'Allemagne. Sa stratégie individualiste de croissance par les exportations sans consommation intérieure (avec un taux d'épargne de 17% !) est on ne peut plus néfaste pour ses partenaires commerciaux, pays de la zone euro en tête. Au lieu de fustiger la Grèce, si l'Allemagne avait consommé en produits grecs (vacances par exemple) ce que les Grecs lui achetaient, cela irait beaucoup mieux en Grèce. Mais l'Allemagne a décidé de jouer son propre jeu, ce qui va mener la zone euro au désastre, et donc elle avec.

Le libre échange, et plus particulièrement le commerce international, est fondé sur le postulat de la réciprocité des avantages : chaque pays se spécialise dans un type de production, celui où il est le meilleur (par exemple les grosse voitures pour l'Allemagne, les vacances pour la Grèce), ce qui fournit des avantages aux deux parties. La théorie est belle, mais la réalité l'est moins. Avec un taux d'épargne aussi colossal, l'Allemagne ne respecte par la réciprocité des avantages, et vend beaucoup plus qu'elle n'achète. Ne respectant pas le postulat implicite du commerce international, il serait logique que l'Union Européenne la rappelle à l'ordre, par la taxation des exportations allemandes si besoin est, afin qu'elle se décide à enfin consommer plus si elle veut exporter.

En effet, si l'Allemagne consommait plus (par une hausse de la redistribution ou une hausse des bas salaires), la croissance européenne serait beaucoup plus importante, amenant développement, désendettement et rééquilibrage de l'épargne au sein de la zone euro. En fait, le frein au rétablissement de la zone euro est la faiblesse de la consommation allemande, qui empêche une vraie croissance économique comme sont en train de la vivre les Etats-Unis. La stratégie économique allemande est non coopérative, mercantiliste et va donc amener la zone euro dans des turbulences majeures. Entendre dire par les dirigeants allemands aux autres pays qu'ils devraient faire comme l'Allemagne est donc une tragique erreur, qu'il ne faut pas absolument pas suivre.