samedi 23 octobre 2010

Rigeur en Angleterre : A bas les fonctionnaires (!)

L'Angleterre vient d'annoncer une mesure édifiante et très british pour nous autres français : le licenciement massif de fonctionnaires. Presque 500 000 fonctionnaires anglais vont disparaître d'ici à 2015, par non remplacement des départs à la retraite, mais aussi par le licenciement de fonctionnaires. Quand l'Angleterre fait une cure d'austérité, elle ne la fait pas à moitié...

Au moins le gouvernement anglais a le mérite de la cohérence, ce qui doit rassurer les marchés financiers : la réduction des déficits publics s'annonce drastique, par la baisse des dépenses et la hausse des impôts. Mais la croissance risque d'être l'aliment manquant de cette soupe anglaise indigeste, annulant les efforts du gouvernement. Le risque sur la dette est tel qu'il n'entrevoit pas d'autre solution, ou se refuse à l'autre solution logique : dévaluer la livre et lancer l'inflation...

Avec 12 % de déficit public en 2010, il est vrai que des solutions dramatiques doivent être prises, mais n'est-ce pas là le tribut d'une économie surdimensionnée sur le secteur financier et qui donc paie le prix fort de la crise des subprimes ? A moins que par chance le secteur financier anglais reprenne des couleurs en finançant la croissance vigoureuse des BRIC (ce qui est très douteux cependant). Bonne chance aux anglais, et God save the Queen, puisqu'Il ne semble pas prêt à sauver les autres anglais...

dimanche 17 octobre 2010

Attali remet ça

Jacques Attali en remet une couche, avec un deuxième rapport mettant en garde contre le déficit public. Une critique assez virulente mais justifiée de son approche récessionniste a été réalisée dans le blog ci-dessous :
http://dechiffrages.blog.lemonde.fr/2010/10/17/jacques-attali-expert-en-acquiescement/
Je n'y reviendrais donc pas.

Par contre deux mesures du rapport méritent d'être saluées et mises en avant, la première étant l'instauration d'une TVA sociale, une bonne mesure évidemment pour améliorer l'embauche (le coût d'une embauche est moins élevé et le licenciement moins intéressant), et qui plus est créatrice potentielle d'inflation. Autant dire que c'est une mesure à suivre rapidement et à instaurer le plus largement possible. La deuxième mesure, revoir l'impôt sur les successions, est encore plus importante, afin de procéder à un transfert national pour réduire la divergence des classes sociales, et continuer à soutenir la consommation.

Par contre, le gel des salaires des fonctionnaires est une mesure très inquiétante, car elle impactera directement la consommation, surtout si l'inflation se déclenche. D'ailleurs l'idée d'une dévaluation de l'euro, seule solution vraiment efficace de réduction de la dette publique (par de l'inflation importée et un gain de compétitivité), est complètement laissée de côté, et c'est regrettable.

Il y a donc eu des améliorations dans le deuxième rapport Attali, par rapport au premier, même si l'on reste encore dans le banalement ressassé. Peut-être le troisième rapport Attali sera-t-il un vrai succès ?

mardi 12 octobre 2010

Rééchelonnement de la dette grecque

Le débat a été lancé, celui du rééchelonnement de la dette grecque, qui atteindra bientôt 130% du PIB, avec des prévisions allant jusqu'à 165%. Avec la récession en cours en Grèce, il n'est pas impossible du tout que ce chiffre s'envole encore, pour atteindre les 200 % dans quelques années. Le sujet du rééchelonnement de la dette grecque, évoqué au FMI, est donc un sujet d'actualité puisqu'il ne faudrait pas asphyxier la Grèce par des taux d'intérêts trop élevés et des besoins de refinancement trop courts. Mieux vaut donc allonger la maturité des dettes, afin de laisser le temps à la Grèce de se rétablir économiquement.

Evidemment, l'Allemagne s'étrangle et commence à dire qu'il n'en est pas question. Evidemment, elle ne s'y opposera plus quand la situation sera insoutenable, réussissant le tour de force de céder devant les problèmes de la Grèce tout en contribuant à les empirer par sa réticence à les résoudre de façon solidaire. Mais il est plutôt judicieux de démarrer le débat maintenant, alors qu'il est encore tôt pour que l'Allemagne s'y fasse doucement, tandis que les signaux s'allument dangereusement dans toute la périphérie européenne. L'Irlande reine du déficit, la Grèce reine de la dette, la péninsule ibérique en cure d'austérité sur fonds de récession, le cocktail est assez indigeste. Heureusement que ce n'est que le début, en attendant le tour de l'Italie et de la France, où les choses vont vraiment commencer à se corser, avec le dévissage tant attendu de l'euro.

dimanche 10 octobre 2010

Equilibre

En continuant sur la lancée théorique (voir le billet précédent sur la complémentarité entre Etat et Marché), un autre problème majeur du capitalisme est le déséquilibre macroéconomique qu'il engendre. Ce déséquilibre est déjà apparu historiquement, provoquant le krach de 1929, puis plus récemment la crise des subprimes et enfin le prochain krach de la dette publique. Lorsque le capitalisme est laissé à lui-même, il a une tendance naturelle à provoquer une aspiration des fruits de l'économie vers les classes dominantes (propriétaires rentiers, classes supérieures) et à mettre sous pression les salaires des moins diplômés. Pour le dire simplement, le capitalisme détruit la classe moyenne, celle qui est la plus indispensable pour une croissance à long terme élevée, car elle le moteur de la consommation.

Ce paradoxe, alors que le capitalisme est censé apporter des gains de productivité bénéfiques à tous sur le long terme, n'est qu'apparent. En effet, autant le marché créateur de concurrence permet de faire des gains de productivité répartis ensuite à tous, autant le capitalisme capte les revenus et distord l'optimum de consommation qui permet d'entretenir la croissance de la production. Cela est donc en soi une justification d'une action économique majeure de l'Etat, la redistribution.

La redistribution a souvent été décriée, car perçue comme un vol ou une injustice, tout en étant d'un autre côté défendue au nom de la justice sociale. L'argument ne sera pas ici un argument de justice ou de droit, mais au contraire un argument purement économique. La redistribution par l'Etat a pour but de rétablir l'équilibre, revenir à un optimum de consommation qui permette à l'économie de croître sans recours à un endettement excessif. Cette Redistribution Démocratique de Productivité (RDP) a donc pour but d'entretenir la consommation dont la distribution a tendance à dériver de l'optimum dans le capitalisme. Elle se justifie donc par la volonté de rééquilibrer l'économie sans établir de lien direct entre salaires et consommation, la distribution des gains de productivité dans le capitalisme ne permettant d'atteindre seule l'optimum de consommation. La RDP a pour but de faire profiter à tous des gains de productivité que la société a su créer depuis très longtemps, et qui donc n'appartiennent à personne en particulier.

En conclusion, la redistribution est une action justifiée économiquement, afin de rétablir l'équilibre économique, l'optimum de consommation issu d'une meilleure distribution des revenus. Cette RDP serait également distribuée à tous, sans contrainte de revenus et quelle que soit leur activité ou inactivité, donnant ainsi toujours une motivation à aller travailler par un gain supplémentaire. L'Etat a
donc un rôle macroéconomique majeur dans le marché, celui de contribuer à conserver (ou retrouver) l'équilibre économique permettant une croissance optimale à long terme.

mercredi 6 octobre 2010

Record battu

L'Irlande aura donc droit au triste record du plus grand déficit annuel jamais réalisé : 32 % de son PIB ! La dette approche les 100 % du PIB et le pays est en récession (une estimation de -1,7% du PNB). Tout est donc en place pour que les taux d'intérêt de la dette irlandaise montent à de nouveaux sommets.

Bien sûr, ni le FMI ni le Fonds de Sauvetage Européen ne déclarent avoir besoin d'intervenir pour soutenir l'Irlande (i.e. acheter sa dette publique à la place des marchés financiers), ce qui indique qu'ils vont le faire assez vite, probablement en 2011.

Evidemment, la colère des Irlandais contre le système financier est forte, et on ne peut pas vraiment le leur reprocher. Les décisions budgétaires du gouvernement irlandais sont pourtant aussi critiquables, mais l'Irlande est habituée à tirer parti de la croissance étrangère, et ne veut donc pas supporter le poids du maintien de sa consommation interne. Malheureusement, tant que l'économie européenne ne sera pas repartie à la hausse, la sortie de crise de l'Irlande sera difficile. Autant dire que la croissance de l'économie en Europe en 2011 sera cruciale.