mercredi 3 août 2011

Mais que fait la BCE ?

Toute à sa mission de protection contre l'inflation, la BCE brille par son absence et son mutisme en ces temps de quasi-panique boursière, entretenue par les problèmes de dette publique européenne et les craintes sur l'économie américaine. Alors que l'Italie et l'Espagne empruntent à plus de 6 % à 10 ans, que la Grèce a été sauvée de justesse et que le Portugal et l'Irlande risquent de resolliciter une aide européenne, le plus simple pour la BCE serait de déclarer sa volonté de soutenir tous les pays européens fortement endettés, au lieu de les laisser s'enfoncer. Car plus la BCE attend, plus les dégâts seront importants.

Mais au lieu d'aider les plus faibles, la BCE s'intéresse aux plus forts. Au lieu d'accepter que l'euro descende pour renforcer la compétitivité des pays et importer une légère inflation salutaire pour les dettes publiques, elle a remonté ses taux d'intérêts pour éviter justement l'inflation, et continue à ne pas vouloir intervenir directement pour acheter de la dette publique, comme la Fed le fait aux Etats-Unis quand il le faut. Cette politique anti-inflationniste stricte est absurde, puisqu'elle ne fait que reculer un effondrement inéluctable de l'euro, et donc une inflation qui sera d'autant plus forte que le temps passera. Elle conduit les Etats européens vers la récession puis l'hyperflation, alors qu'elle pourrait par ses déclarations ramener l'euro vers des niveaux bien plus supportables.

Peut-être M. Trichet est-il trop occupé à faire ses bagages pour s'en inquiéter, peut-être ne veut-il pas être celui qui aura accepté la monétisation de la dette publique européenne, mais en tout cas son successeur devra être plus pragmatique qu'il ne l'a été s'il veut désamorcer la bombe de la dette publique qui s'approche. Pour l'instant la France n'est pas attaquée, mais son tour viendra aussi, quand les objectifs de croissance comme de déficit publics ne seront pas atteints. L'année 2012 devrait être particulièrement intéressante à cet égard, au-delà de l'élection présidentielle, sur le développement attendu (ou plutôt redouté) de la dette publique.

Finalement, la seule bonne nouvelle de l'été est que la Grèce est sauvée provisoirement et dans la douleur, avec de ridicules contorsions politiques, permettant de se concentrer sur les pays suivants dans la liste. La prochaine étape devrait donc être un FESF aux moyens largement augmentés, ou bien la création d'obligations européennes, deux idées qui ne feront que gagner du temps dans la gestion du krach de la dette publique. Car le problème reste encore et toujours une épargne privée excessive qui plombe la consommation, problème qui serait avantageusement diminué par une inflation modérée... L'équilibre épargne/consommation, fondement de l'économie, doit enfin revenir à sa vraie place, la première.

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