vendredi 8 avril 2011

Trichet ne triche pas

Il est venu, il a vu, il a vaincu... l'économie européenne. Hier, la BCE a donc relevé son taux d'intérêt directeur de 1% à 1,25%, comme elle l'avait annoncé. Plus que la remontée, faible, du taux d'intérêt, c'est le message qui est inquiétant : M. Trichet enfoncera l'Europe dans la stagnation économique, ou au mieux, une croissance molle, plutôt que de laisser l'inflation s'installer. Autant dire que l'Europe file tout droit dans le mur, certains analystes s'attendant à une remontée des taux jusqu'à 2 % fin 2011 au vu des anticipations d'inflation.

Autant cette décision peut sembler courageuse quand on évoque le souvenir pas si lointain d'un Greenspan laissant une bulle de crédit immobilier gigantesque se développer aux USA grâce à des taux d'intérêts historiquement bas, autant ici le remède est pire que la maladie. La situation actuelle est très différente, car la bulle d'endettement est déjà présente, et il s'agit de la plus grosse bulle possible, celle de la dette publique. Au lieu d'accepter l'inflation salutaire, la BCE la refuse donc, mettant sous pression la croissance économique des pays latins européens, eux qui auraient bien besoin d'inflation pour soulager leurs finances publiques. Mais non, l'Allemagne a raison, sus à l'inflation !

Le Portugal, quant à lui, a donc cédé à la pression des marchés, et demande de l'aide à l'Union Européenne. La question est donc maintenant la suivante : quand l'Espagne va-t-elle devoir s'y résoudre à son tour ? Fin 2011, début 2012 ? Le suspense est à son comble. Mais peut-être un outsider pourrait-il lui souffler la vedette, en la personne de l'Italie... Avec une dette publique de 120 % du PIB, un déficit public de 4,6 % en 2010, et une croissance aux alentours de 1%/an, il semble qu'elle a tous les atouts pour attirer les projecteurs sur sa situation très tendue. En attendant la France, qui en cette période préélectorale présidentielle, devrait réussir en 2011 un élégant dérapage dans la réduction du déficit public.

Bref, jusqu'ici, tout va bien.

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