vendredi 11 mars 2011

Grèce, Portugal et Espagne : les trois mousquetaires

La semaine écoulée a relancé les inquiétudes sur la dette publique européenne, sous l'effet conjugué des trois mousquetaires du Sud de l'Europe, la Grèce, le Portugal et l'Espagne.

La Grèce tout d'abord, qui n'arrive toujours pas à collecter l'impôt de façon efficace, et qui s'enfonce donc dans le rouge, aidée en cela par Moody's qui a dégradé encore de trois crans la notation de la dette grecque. La prévision d'une dette publique supérieure à 150 % du PIB est un seuil psychologique dépassé (il sera sûrement atteint en 2012), et la Grèce peut maintenant s'attaquer à la limite de 200 % du PIB, ce qui prendra normalement un peu plus de temps, mais pas tant que ça vu la récession du pays (-4,5% en 2010). L'effet mécanique de baisse du PIB sur le ratio dette/PIB est le pire des phénomènes pour la Grèce. Finalement, au vu de la récession et du coût astronomique de refinancement de sa dette, il est difficile de voir une autre solution qu'une restructuration de la dette grecque, même si le gouvernement grec s'en défend encore.

Le Portugal aussi a fait parler de lui, avec des taux d'intérêt qui reviennent à des sommets, environ 7,5 %/an. Insoutenable pour n'importe quel pays, surtout quand il retourne en récession, comme le Portugal, et s'enfonce dans l'austérité. L'Europe entière presse donc le gouvernement portugais d'accepter l'aide du FESF, mais le Portugal résiste, plus pour bien longtemps cependant. A voir les résultats de la Grèce, il y aurait mieux à faire que de l'austérité, mais cela n'est pas envisageable pour le moment puisque qu'il faudrait un acte fort de la BCE, accepter l'inflation et la dévaluation de l'euro.

Enfin l'Espagne, le troisième mousquetaire, a réussi le tour de force de remettre en lumière l'état lamentable de son système bancaire (entre 20 et 50 milliards de refinancement estimé pour purger les errements de la bulle immobilière), voir la note de sa dette publique nationale dégradée d'un cran, et montrer que ses régions étaient aussi dans un état quasi-catastrophique. Avec une croissance nulle en 2010 (-0,1%) et un taux de chômage de plus de 20 %, elle ne semble pas très bien partie elle non plus pour sortir l'Europe de la crise...

Ces trois mousquetaires auraient bien besoin de retrouver vite les bijoux de la Reine, pour les vendre à la Chine aussi sec. Mais la question majeure est : Qui sera d'Artagnan ? L'Italie ou la France ? Ce d'Artagnan-là sera celui qui finira de transformer la dette publique européenne en un krach global, un bel accomplissement s'il en est.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire