lundi 4 juillet 2011

La Grèce en sursis

Les dernières semaines ont été dignes d'un thriller économique passionant, avec une Grèce écartelée entre son opposition populaire contre l'austérité et un défaut de paiement imminent, des Etats européens qui ne voient pas comment arrêter de financer le trou sans fonds de la dette grecque, et le FMI qui ne voulait pas refinancer sans garantie européenne d'assurer la survie financière de la Grèce pour les 12 prochains mois au minimum. En y ajoutant l'opposition farouche de la BCE à toute restructuration de la dette grecque, de crainte d'une contagion aux autres pays européens, et il aura fallu attendre la dernière minute pour connaître le dénouement, très attendu mais finalement très conforme aussi aux prévisions : l'accord du Parlement grec en faveur de plus d'austérité, l'accord des Etats européens pour verser encore plus d'argent, un réinvestissement 'volontaire' des banques détentrices de titres grecs, et une BCE qui a sauvé les meubles de la restructuration pour quelques mois encore (ce que S&P confirme aussi). Peut-être jusqu'à ce que M. Trichet s'en aille, la tête presque haute, d'ailleurs.

Mais au-delà de ces péripéties qui font penser à un thriller à l'américaine, c'est bien à une tragédie grecque que nous assistons : incapable de dévaluer sa monnaie, puisqu'elle ne la maîtrise plus, la Grèce est enfermée dans un cercle vicieux de récession et d'endettement dont personne ne voit la fin... Oui, elle a gagné quelques mois de financement supplémentaires, mais rien ne lui permettra cependant d'honorer ses échéances sans une inflation salutaire que seule une dévaluation pourra lui apporter.

Pendant ce temps, l'Italie, l'Espagne et le Portugal rivalisent de mesures d'austérité, comme s'il y avait une course à celui qui sera le deuxième vilain petit canard de l'Europe. On ne parle plus trop de l'Irlande non plus en ce moment, mais celle-ci devrait revenir aussi sur le devant de la scène d'ici la fin de l'année, même si son avantage réside dans ses liens avec l'Angleterre, qui elle continue à laisser tomber sa monnaie. Et pour couronner le tout, la BCE envisage une nouvelle hausse de ses taux d'intérêts directeurs, afin de diminuer l'inflation. Elle va surtout réussir à diminuer la croissance, qui certes influe fortement sur l'inflation, mais dont la baisse comporte plus de dangers que d'avantages. Jusqu'ici, tout va bien, comme dit le proverbe.

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