dimanche 20 février 2011

"La dernière bêtise à faire"

Voilà l'appréciation de M. Trichet sur une augmentation des salaires. Pour éviter une inflation de second tour - une inflation issue d'une hausse des salaires -, M. Trichet veut donc que l'inflation actuelle issue des matières premières et de l'énergie ne soit pas répercutée dans les salaires. En bref, que les salariés s'appauvrissent plutôt que de conserver leur pouvoir d'achat. Réjouissant pour la reprise économique.

Au-delà du dogmatisme sur l'inflation affiché par la BCE, le discours de M. Trichet apparaît comme un vrai révélateur de sa croyance profonde : celle d'une économie à l'allemande, où une consommation domestique atone est compensée par une exportation énorme, exportation rendue possible par la maîtrise des coûts salariaux, qui amène cette consommation atone. En résumé, l'Allemagne est une machine à exporter et à épargner, qui ne joue pas le jeu coopératif que l'économie de marché prône.

Puisqu'elle joue un jeu égoïste de compétitivité internationale maximale, elle s'expose à des problèmes majeurs, et elle expose ses partenaires aussi : le premier est que si tout le monde copie leur modèle, plus personne ne consommant réellement, une récession mondiale arrivera. Le deuxième est que si les pays partenaires continuent dans leur voie, ils vont se retrouver dans une situation d'endettement insoutenable (provoqué en partie d'ailleurs par l'abondance de l'épargne allemande). Le dernier problème est que puisque l'Allemagne joue un jeu non coopératif, les autres pays peuvent décider de ne plus coopérer non plus, et ériger des barrières douanières importantes pour répondre à ce cercle vicieux de la plus grande compétitivité possible. Un retour au protectionnisme provoqué par un raisonnement économique erroné.

L'Allemagne nous entraîne dans la théorie des jeux, dans un dilemme du prisonnier où il serait rationnel de coopérer, mais puisqu'une personne ne veut pas faire le choix de la coopération, alors une situation négative émerge pour tous. M. Trichet a choisi cette voie, une voie dangereuse car elle ne résoudra pas l'origine de la crise à venir, à savoir une épargne trop abondante.

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