samedi 12 février 2011

La BCE s'y met aussi

La BCE est venue cette semaine au secours de l'émission de dette publique du Portugal, afin d'aider à boucler la demande autant que pour calmer le taux d'intérêt qui a atteint presque 7,5 %. Quel pays peut soutenir un tel taux d'intérêt tout en entrant en récession ? La question est rhétorique, puisque la seule réponse à un tel cocktail est la dévaluation pour créer une inflation salutaire et retrouver une compétitivité par rapport à l'étranger.

Mais la BCE ayant pour objectif de contrer l'inflation, la voilà dans une drôle de position. Elle rachète de la dette publique grecque, irlandaise, portugaise, bientôt espagnole, italienne et française, et pourtant elle réfléchit à relever ses taux d'intérêts directeurs pour contrer l'inflation. Schizophrénie, quand tu nous tiens... Sa seule solution est d'accepter une inflation modérée qui va permettre de déserrer l'étau de la dette publique européenne, mais cela ne plaira pas aux allemands. L'autre solution est pire, remonter ses taux d'intérêts et enfoncer les pays latins dans la crise, ce qui déclenchera ensuite un effondrement de l'euro, et une hyperinflation qui règlera le problème.

A l'aune de cette solution, le plus logique serait d'accepter un peu d'inflation, mais la logique allemande ne semble pas encore prête à rejoindre le rang. Les prochaines semaines seront décisives, car la BCE aura à choisir entre rompre son orthodoxie, aller en apparence à l'encontre de sa mission, c'est-à-dire d'accepter l'inflation, mais pour éviter l'hyperinflation. Le successeur de Trichet à la tête de la BCE aura donc un rôle crucial, une responsabilité énorme qui se répercutera dans le monde entier. Espérons qu'il sera suffisamment puissant intellectuellement pour regarder plus loin que l'inflation à court terme, et résister aux critiques allemandes s'il choisit la seule solution disponible, une inflation modérée.

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